L’asphyxie

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Personne n’aime être privé d’oxygène, au sens propre comme au figuré. L’asphyxie provoque d’abord un désagrément, puis une angoisse progressive, jusqu’à provoquer la mort ou laisser des séquelles à vie. L’asphyxie, c’est aussi le titre de ce livre, co-écrit par deux journalistes, l’une française, l’autre d’origine syrienne, sur les événements terribles qui se sont produits dans la ville de Raqqa, sous le pseudo-califat de Daech.

Cinquième ville de Syrie par la taille de sa population, rien ne prédestinait pourtant Raqqa à ce qui s’y est passé. Dans cette petite ville du nord de la Syrie, située sur l’Euphrate, coexistaient environ 200 000 habitants, une large population musulmane plutôt paisible ainsi qu’une minorité chrétienne. Certes, les événements de 2011 avaient conduits la population de Raqqa à participer à la rébellion contre le régime de Bachar El-Hassad, et début 2013, la ville fut libérée par l’Armée syrienne libre.

Mais cet à partir de ce moment que les choses ont tourné vinaigre. Cette libération marqua, finalement, le début d’une période noire pour Raqqa et sa population. Profitant du désordre occasionné, les troupes de Daesh envahirent la ville, sans rencontrer de véritable résistance. Suivirent quatre terribles années d’un asservissement total de cette ville et de sa population, par les soldats de l’État islamique.

Cette période apocalyptique pris fin avec les bombardements de la coalition, qui détruisirent près de 80% de la ville, et provoquèrent la fuite des troupes de Daesh. Depuis, Raqqa tente de se reconstruire, et d’effacer les traces de cette sanglante période.

Pour raconter ces événements, et montrer l’horreur du régime mis en place par Daesh, les deux auteurs ont choisi de faire témoigner d’anciens habitants de Raqqa. Certains sont resté du début à la fin des hostilités. D’autres sont partis plus ou moins tôt, au fil de leurs interactions mouvementées avec les sordides représentant de l’État islamique.

Il faut lire ce livre pour bien saisir l’état de décrépitude mentale des individus venus de tous pays, et malheureusement de France et de Tunisie, afin de faire régner un semblant de loi d’inspiration religieuse. La Raqqa de Daesh fait penser à un récit kafkaïen, qui rappelle par certains aspects les témoignages des rescapés des camps. N’allez y voir aucun parallèle : même si la vie était terrible à Raqqa, il ne s’agissait point là de camps d’extermination. Mais la stupidité des individus qui y faisaient régner l’ordre rappelle le comportement des kapos auxquels les SS confiaient l’administration des baraquements. Un regard, un mot de travers, et c’était la prison, la torture, voire la mort par décapitation.

L’asphyxie est un récit glaçant, qui rappelle que l’horreur humaine ne connait de pas de limites, ni dans l’espace, ni dans le temps. Il rappelle aussi que l’horreur des attentats que nous avons connus en 2015, perpétrés par d’anciens « soldats » de Daesh, n’est rien par comparaison à ce que ces individus ont infligé à la population innocente de Raqqa.

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