Le coeur ne cède pas

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

Voici un livre épais. Près de 900 pages, pour une centaine de chapitres. Autant vous dire que ce livre ne s’adresse pas au lecteur pressé d’en finir avec une histoire. Ou à l’amateur de poches qui tiennent dans la poche. Même dans un sac à dos, il prend de la place. Si les livres étaient vendus au kilos, celui-ci serait une affaire incontournable…

Mais je m’égare. Je suis venu vous parler de ce livre, donc, Le coeur ne cède pas. Livre dont la lecture m’a été recommandée par un ami, qui venait de le finir. Livre marathon, livre fleuve, livre foisonnant, je cherche les qualificatifs, mais n’arrive pas à trouver celui qui convient le mieux à cette histoire à la fois sordide et passionnante, racontée par Grégoire Bouillier.

Sa trame est pourtant simple. Dans le milieu des années 80, un fait divers sordide : une femme retrouvée morte quelques mois après son décès, suite à un jeûne de quarante jours, dont elle aurait décrit les étapes dans un cahier d’écolier. Le style de news qui fait la une de tous les JT qui crient au scandale, puis qui disparaît aussi vite qu’elle est apparue.

Sauf que l’auteur et narrateur est obsédé par cette histoire. Et pour une raison qu’on ignore, il décide presque quarante années plus tard d’enquêter sur cette personne.

On apprend ainsi très rapidement son identité, puis son métier : elle fut mannequin dans une grande maison de couture, au patron-fondateur sulfureux. Mais ce n’est pas tout. Tel le généalogiste en herbe que je suis, le narrateur part enquêter à coups d’actes d’état-civil, de tests ADN et d’arbres publiés sur des sites de généalogie.

C’est passionnant, haletant parfois. Mais il faut le reconnaître, un peu long. Le parti-pris adopté par Grégoire Bouillier, de documenter chaque facette de chaque micro-événement de cette histoire tourne à l’accumulation de détails qui finissent par nous embrouiller. Et après six cents ou sept cents pages, on finit par se demander : mais pourquoi ne pas en faire une version courte, voire très courte, comme pour le Par-dessus bord de Michel Vinaver (dont il faudra que je songe à faire une recension) ?

Bref, je ne sais où ranger ce livre, parmi les chefs d’oeuvre ou dans la caisse des romans à rallonge. J’ai pris beaucoup de plaisir à presque chaque page, avec le sentiment, parfois, de m’imposer un supplice. Un plaisir masochiste ? Peut-être. Mais le coeur ne cède pas.

Reste qu’un livre qui joue le lecteur au détour de certaines pages, et n’hésite pas à se citer lui-même en exergue, mérite qu’on lui consacre quelques heures…

Et pour vous faire votre propre idée, pourquoi ne pas faire un tout sur le site qui lui est dédié ?

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?