Trois documentaires sur Arte

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On commémore cette semaine l’anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, le 27 janvier 1945. À cette occasion, Arte consacrait une soirée « théma », et diffusait hier soir trois documentaires, dont deux que je n’avais encore jamais vus. Ils devraient encore être disponibles sur arte.tv, qu’il me soit permis de vous les recommander.

Les marches de la mort

Le premier était consacré aux « marches de la mort« . On désigne par ce terme l’évacuation des déportés depuis les camps situés le plus à l’Est, vers des camps situés sur le territoire allemand. Des marches terribles, dont on estime qu’elles ont directement coûté la vie à près d’un quart des personnes évacuées, qui étaient dans un état physique épouvantable, terriblement affaiblies par des mois de déportation dans des camps où régnaient la faim, le froid, la saleté, bref la déchéance et la négation même de toute vie humaine. S’il existe de nombreux témoignages oraux ou écrits de ces évacuations, dont certaines se firent dans des wagons à bestiaux ou à ciel ouvert, je n’avais encore jamais vu de photos ou de films garant une trace de cet épisode.

L’étonnant témoignage de Francisco Boix

Le second, très différent, était consacré à Francisco Boix, un jeune républicain espagnol, qui survécut à la déportation dans le camp de Mauthausen, et mort très jeune, en 1951 à Paris, à peine trentenaire, de tuberculose. Il faisait partie d’un groupe de républicains, engagés dans la lutte contre les fascismes européens dès 1936. Installés en France après la victoire de Franco, ces républicains furent livrés aux Allemands par le régime de Vichy, puis déporté à Mauthausen, camp de concentration où les déportés étaient employés dans une carrière de granite. Soudée et organisée, une partie groupe des réfugiés espagnols, arrivés dès 41, réussit à traverser ces quatre années de captivité. La spécificité de Boix, c’est d’avoir été employé comme photographe officiel du camp par les nazis. Cela lui a permis, au péril de sa vie, de cacher, avec la complicité de quelques autres déportés espagnols, et d’une allemande dont la maison se situait sur le parcours de certains déportés employés à des tâches à l’extérieur du camp, plusieurs milliers de négatifs. Ces photos ont permis, entre autres, de confondre Albert Speer, qui prétendait n’avoir jamais connu de camp, alors qu’il avait visité celui de Mauthausen, et sa visite avait été immortalisée … par Francisco Boix.

La terrible histoire Ruth Elias

Le troisième documentaire, diffusé tard dans la soirée, fait partie de ces documentaires périphériques au formidable travail réalisé par Claude Lanzmann dans le cadre de l’élaboration de Shoah. C’est une longue interview de Ruth Elias, dont le témoignage fait partie d’un tout dénommé Les Quatre soeurs, Née en république tchèque, au sein d’une famille relativement aisée, elle connaît la déportation d’abord au camp « modèle » de Theresienstadt, au nord de Prague. Camp « modèle », car les nazis l’utilisaient pour montrer au reste du monde, et notamment à la Croix Rouge, comment les juifs étaient détenus dans des conditions acceptables – alors qu’il n’en était rien dans les autres camps, bien entendu, et que Theresienstadt ne servait que de transit avant les « transports » vers des camps d’extermination. Ruth Elias connut un destin assez terrible. Ayant réussi à se marier dans ce camp, elle décide de ne pas suivre le reste de sa famille, qui sera exterminée peu de temps après. Ayant pu avoir un semblant de vie de couple dans ce camp, elle tombe enceinte, et ne peut avorter. Sa grossesse se poursuit durant son transport vers Auschwitz où, au prix de péripéties incroyables, elle parvient à survivre jusqu’à son accouchement. Là, l’abominable Joseph Mengele la contraint à ne pas alimenter son enfant, au prétexte « d’étudier » combien de temps un nouveau-né peut survivre sans être nourri… La suite est trop effroyable pour être narrée ici.

Courrez voir ces trois documentaires.

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