Claude Lanzmann

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De Claude Lanzmann, comme beaucoup d’autres, je garderai éternellement le souvenir d’un film: Shoah. Je me souviens de sa première diffusion, ce devait en 1987 ou 1988, je crois, mais je ne me souviens plus sur quelle chaîne (j’aurais bien dit Arte, mais la chaîne franco-allemande est née après la chute du mur…). Diffusé en quatre parties, en fin de soirée, si mes souvenirs sont bons. Je les avais enregistrées, ces quatre parties, et je dois même avoir gardé les cassettes vidéo quelque part…

Film marathon d’une dizaine d’heures, extraites d’une centaine d’heures d’entretiens avec des rescapés, des témoins de la Shoah, rencontrés un peu partout dans le monde: en France, en Israel bien sûr, mais aussi en Pologne ou aux Etats-Unis. Certaines séquences de Shoah sont inoubliables. En voici une. Ami lecteur qui n’a jamais pris le temps de voir ce film, prends les quelques minutes nécessaires pour écouter le témoignage de ce coiffeur, avant de procéder à le lecture de la suite de cet article.

Pour comprendre l’impact de Shoah, il faut se replacer dans le contexte de cette période, il y a près de trente ans. Nous étions à l’époque du procès Barbie, le niveau de connaissances générales sur la Shoah n’était pas le même qu’aujourd’hui: si les rescapés étaient plus nombreux, on en parlait sans doute moins. Spielberg n’avait pas encore réalisé La liste de Schindler. Et si on n’avait pas été touché personnellement dans sa famille, le principal moyen de s’informer sur la déportation et l’extermination des juifs d’Europe, c’était dans les livres qu’il fallait aller le chercher. On peut dire qu’avec Shoah, Lanzamann est parvenu à éduquer ceux des téléspectateurs qui étaient prêts à écouter les paroles – et parfois les longs silences – des personnes interviewées. Plus tard, ce film fut complété par quatre autres longs métrages portant sur des personnalités particulièrement fortes; je ne les ai pas vus.

Shoah ne fut pas le seul film fleuve de Lanzmann. Quelques années plus tard, il sortit un film sur Tsahal qui offre un autre regard sur l’armée israélienne que le regard que portent habituellement les médias occidentaux, fait de mépris et de haine sourde, envers cette armée si différente des autres.

Sans être un juif pratiquant ni inspiré, Claude Lanzmann a, par son travail, radicalement modifié le cadre des relations entre les juifs de diaspora et leur environnement: après la sortie de Shoah, il était encore moins possible de dire « je ne savais pas ».

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