Démanteler Facebook, quelle drôle d’idée !

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Facebook, géant aux pieds d’argile? Jalousé jusqu’à présent pour sa croissance rapide et sa taille, la société créée par Mark Zuckerberg est devenue la cible des gouvernements, au prétexte que sa plateforme contribuerait à la diffusion de fake news, aiderait les puissants à manipuler les foules, et permettrait de faire pencher les élections en faveur des candidats les plus fortunés. Bref, Facebook serait devenu une menace pour la démocratie. Il faut lire l’avis de Chris Hughes, pourtant cofondateur de Facebook, publié dans le New York Times, pour prendre la mesure de ce qui pend au nez de Zuck…

Jusque là je prenais ces propos pour des galéjades, le type même du discours de l’envieux. Mais ce qui est en train de se passer commence à devenir inquiétant pour l’avenir du réseau social. Le problème, c’est que grâce à ses différentes composantes (Facebook, Instagram mais surtout WhatsApp) Facebook en sait trop, sur nous, sur vous, sur moi. Et qu’en savoir beaucoup sur chacun, ce n’est pas le rôle d’une entreprise, mais d’un gouvernement. Relire à ce sujet l’excellent livre « Ubérisons l’État« .

D’un côté, on peut comprendre qu’une telle mainmise sur nos usages et nos mentalités puisse paraître inquiétante. Surtout si on se dit que l’entreprise qui dispose de ces informations est dirigée par un « gamin » d’ne trentaine d’année, qui n’a même pas passé la crise de la quarantaine, et dont on ne sait absolument pas comment il réagirait en cas de gros problème. Il n’y a qu’à voir les soucis que pose le divorce Bezos. Imaginez un peu si Mr et Mme Facebook se séparaient: qui gardera les données?… Sans évoquer la succession d’un patron. Imaginez que Zuck prenne sa retraite, ou disparaisse dans des conditions étranges, qui aura la charge de nos histoires privées?

Une image ô combien manipulatrice. Les nombres de profils s’additionnent entre YouTube et WeChat, mais non entre Facebook, Messenger et Insta…

Pourtant, comme Tim O’Reilly, je doute que faire exploser Facebook soit une solution. Il me semble au contraire, que Zuckerberg reste le meilleur rempart face à de telles menaces. Et que malgré les inquiétudes qu’une telle concentration de données – donc de pouvoirs – permet, son attitude, depuis une dizaine d’années, est le gage de stabilité. Certes, il a commis des erreurs. Il a laissé son entreprise pêcher par manque de contrôle, à certaines occasions. Mais il a su aussi garder la tête froide et construire patiemment une machine indépendante, faire amende honorable quand c’était nécessaire, réaliser les acquisitions qui s’imposaient et faire développer les extensions qui ont permis à sa plateforme de se maintenir face à ses concurrents. Démanteler Facebook serait contre-productif, et consisterait à introduire une dose d’incertitude dans une mécanique tout sauf imprévisible. On sait de quoi Zuckerberg est capable, on ne sait pas de quoi seraient capables les futurs maîtres de morceaux de son Golem.

With great power comes great responsibility. De ce point de vue, Zuckerberg a tenu à peu près bon, jusque là. Il n’est pas sûr qu’un Facebook affaibli permette à ces responsabilités d’être entièrement assumées. À bon entendeur…

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