Savez-vous demander pardon ?

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Nous sommes tous amenés, un jour ou l’autre, à commettre des erreurs, faire des impairs ou blesser des proches. Nous avons tous appris, en de pareilles occasions, à formuler des excuses ou à demander pardon – même s’il arrive que nous oubliions parfois de le faire. Mais sommes-nous certains que cela suffise à nous faire réellement pardonner? Autrement dit, sommes-nous certains de l’efficacité de notre repentance? C’est la question un peu étrange que pose Stephen Dubner dans un récent épisode du podcast freakonomics (sur lequel je reviendrai).

Comme à son habitude, Dubner interroge des économistes … sur l’économie du sujet qui l’intéresse, en l’occurrence le pardon. L’économie du pardon? Oui, vous avez bien lu. Des économistes se sont penchés sur le sujet du pardon. L’un deux, Ben Ho, explique que formuler des excuses envers une personne, c’est investir sur la future relation que l’on compte conserver avec celle-ci. Et pour que cette relation soit pérenne, il faut que cet investissement coûte à la personne qui formule ses excuses, et que celle qui les reçoit puisse facilement en avoir la preuve.

Jusque là, ce n’est pas compliqué. On sent bien que les excuses bidon du genre « désolé, je ne recommencerai plus » ne coûtent rien à celui ou celle qui profère une telle phrase. Quand votre meilleur ami a piqué votre copine, que votre ainé a fait un carton avec la voiture familiale ou que votre collègue a scratché le répertoire commun où étaient sauvegardées vos données de travail, on est en droit d’attendre un peu plus que des mots…


Encore des mots, toujours des mots…

Dans la deuxième partie de ce podcast, Dubner va encore plus loin, et interroge Karen Cerulo, une sociologiste, sur la structuration des excuses. Cerulo a étudié la formulation d’excuses par des centaines de personnalité, et a cherché à comprendre qu’est ce qui caractérisait des excuses réussies. Et chose étonnante, elle a trouvé ceci: le format le plus efficace pour des excuses réussies, c’est d’abord de s’adresser à la personne ou aux personnes touchées, et de finir par la repentance personnelle. En gros, si vous commencez par dire « je suis désolé, j’ai merdé, je ne recommencerai plus« , il y a peu de chances qu’on vous croie. En revanche, si vous commencez par reconnaître la douleur de votre victime, vous réalisez un pas essentiel.

Pour illustrer ce propos, Dubner a choisi un fait divers récent. Quaishawn Stewart, un livreur noir de Brooklyn a, il y a quelques mois, filmé un jeune juif hassidique en train de pleurer, puis a posté sa vidéo sur Facebook avec un commentaire désobligeant du style « j’aurais pleuré moi aussi si j’avais un look pareil« , faisant référence à la coupe de cheveux des juifs hassidiques, cheveux ras et papillotes au vent.


Lui n’est plus tout jeune, mais son look est incroyable

Bien entendu, sa vidéo est partie sur Twitter en mode viral, la presse s’en est emparée, et le tout était promis à partir en vrille, sur fond de tensions communautaires, quand Quaishawn Stewart, par ailleurs garçon doté d’un bon fond, a eu l’intelligence de publier cette vidéo sur Twitter.

Les réactions à cette vidéo de repentance furent unanimes (voir aussi ici), explique la sociologue, parce qu’il a réussi à parler d’abord aux personnes offensées, au lieu de s’apitoyer sur son propre sort. C’est à ce niveau que s’établit l’efficacité d’un repentir. Il ne s’agit pas de soigner sa bonne conscience, mais d’aborde de faire preuve de compassion et d’empathie.

Puisse cet article vous aider à formuler, en temps voulu, les excuses les plus sincères et les plus efficaces.

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