Je ne suis pas un robot !

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Dans les années 80, un chanteur célèbre du nom de Daniel Balavoine chantait une chanson qui allait devenir un tube : « Je ne suis pas un héros ». Quelques années auparavant, le personnage principal d’une non moins célèbre série, « Le prisonnier », incarné par l’acteur Patrick McGoohan, répétait à l’envi : « Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre ». l’identité de l’homme moderne doit-elle nécessairement se construire autour de la négation ?

Si c’est le cas, ce serait une évolution majeure de l’espèce humaine. Une particularité qui distinguerait encore plus notre genre du reste du règne animal. Alors que les fourmis et les singes vivent en groupe, voire en grappes, alors que nos premiers congénères ne pouvaient survivre qu’au sein d’une tribu, s’identifiant aux particularismes de leurs proches, l’homme moderne, lui, rejette l’étiquette qu’on veut lui faire porter.

Est-ce la fin du chauvinisme ? L’essor d’un ethno-individualisme de bon goût ? Peut-e^tre pas, il ne faut pas exagérer. Simplement le rejet d’une perception rapide de notre identité, la volonté d’une analyse un peu plus poussé de l’être que nous sommes vraiment. « L’habit ne fait pas le moine, allez-donc, cher voisin, au-delà des apparences, apprenez à me connaître ».

Les gourous de l’intelligence artificielle et de l’analyse de données feraient bien de se préoccuper de cette tendance. Être assimilé à la masse de gens, devenir un numéro – tout le monde ne peut pas être un héros – n’est absolument pas ce à quoi aspire le petit d’homme, le jour où enfin il se redresse sur ses pattes arrières, au terme de son premier printemps. Il veut être, vivre, respirer, remplir pleinement sa vie, et, pourquoi pas, laisser une trace (ça viendra plus tard).

Car le problème majeur de cette classification à outrance, surtout à l’ère des algorithmes et du big data, c’est l’erreur d’appréciation. Que mon voisin se trompe sur mes qualité premières, soit. Mais qu’un algorithme, que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam, se trompe sur ma qualité première – mon humanité – je trouve cela blessant au plus haut point.

Non, cher Google, non, cher MyHeritage, non, non et non, cher algorihme, je ne suis pas un robot.

Je suis un être humain, comme disait Numéro 6.

L’erreur est humaine, c’est déjà bien suffisant.

Ne laissons les algorithmes nous disputer cette spécificité.

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