République – Bastille : sous les manifs, la com !
Comment organise-t-on une manifestation? Et d’où vient le terme lui-même, manifestation (apparu au milieu du XIXème siècle)? Pourquoi les agences de communication, si intéressées par toutes sortes d’actions en tous genres, restent-elles prudemment à l’écart de ce type d’événement? Pourquoi n’enseigne-t-on pas l’art et la manière de mener une ‘manif’ dans les écoles de comm’? Et pourquoi dans notre pays, le droit de manifester fait-il plus trembler que le droit de grève ou le droit de se syndiquer? Voilà le type de questions qu’Assaël Adary, auteur prolixe d’une abondante littérature consacrée aux pratiques de communication, livre dans ‘République – Bastille : sous les manifs, la com !‘.
Bien évidemment, à l’aune de l’actualité récente, avec les différents épisodes du mouvement des gilets jaunes qui agrémentent nos samedis après-midi, ce livre prend un intérêt particulier. C’est qu’on ne sait pas, a priori, ce qui peut sortir d’une manifestation. Tant par la diversité et la multiplicité des organisations qui appellent à son organisation, que par son déroulé, qui peut prendre une tournure positive (par sérendipité) ou négative (on parle alors de zemblanité), la manifestation est un outil à manier avec précaution. Il s’en organise pourtant près de 1500 par an, rien qu’à Paris, autant que dans le reste du pays !
L’axe République-Bastille, la place de la Nation, les Invalides, le Trocadéro, font partie, par leur capacité d’accueil extraordinaire, des endroits privilégiés pour organiser de tels événements. On y manifeste pour toutes sortes de raison: contre une loi, pour demander la libération d’un prisonnier, soutenir une cause, réclamer des droits supplémentaires, etc. Et comme il faut demander aux représentants de l’état l’autorisation de manifester, certaines des plus grandes manifestations se sont cachées derrière les deux seuls types d’événements autorisés sans besoin de passer par une telle demande: les banquets et les cortèges funéraires.
Source: Wikipedia
Analysant le concept de manifestation comme toute action de communication, Assaël Adary décortique les principes mêmes sous-jacents à une ‘manif’: l’émetteur, la cible, les messages, les canaux, les objectifs, etc. Tout au long de ces 160 et quelques pages, il se livre à un travail extrêmement intéressant, dont le scope s’étend sur plusieurs siècles. De la révolution française aux émeutes de février 34, de la Commune de Paris à Mai 68, on se plonge, parfois avec délice, parfois avec nostalgie et souvent avec surprise, dans ces événements qui ont, peu ou prou, façonné le visage de la société française.
C’est riche, vraiment bien documenté, et bien entendu parfaitement écrit. De toute évidence, ce livre, publié aux Éditions du Palio, fera date auprès de tous ceux, chercheurs, étudiants ou professionnels de la communication, qui s’intéressent aux manifestations.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
J’aime bien les cortèges funéraires, stratégie de com intéressante ! On en voit souvent manifester avec des cercueils aussi (ça c’est encore de la com). Bizarre qu’il ne cite pas l’axe Italie-Denfert qui est souvent pris d’assaut par les manifestants (moins par les GJ car comme ce sont des provinciaux, ils croient que « les lieux de pouvoir » sont rive droite. Mais les syndicalistes prennent souvent cet axe. A noter que la manif pour tous avait également marché sur leurs pas en manifestant depuis Denfert (j’ai fait des photos c’était impressionnant et coloré : encore de la com).
En fait, non seulement c’est de la com mais cela ressemble à la première activité de ce pays, donc pas étonnant qu’on ait développé autant de stratégies ni que la carte de la capitale soit aussi bien quadrillée.