Les tourbillons de la vie

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Certains livres peuvent parfois bousculer votre vision du monde. Les Tourbillons de la vie en fait partie. Écrit par Vincent Fleury, un copain de promo devenu directeur de recherche au CNRS, il nous fait découvrir les formidables mécanismes qui se déroulent dans les premières heures d’un embryon, peu après que la fécondation de l’ovule. Et je dois avouer que j’en suis resté pantois.

J’ai toujours crû que le développement d’un embryon se déroulait un peu à la manière d’un programme, dont les lignes de codes seraient représentées par les séquences de notre ADN, grâce auquel une sorte de processeur biologique déterminait quelle cellule et quel organe devait être construit à chaque étape de l’embryogenèse. Ce qu’expose Vincent dans ce livre de 300 et quelques pages, c’est une approche totalement différente, basée sur un formalisme physique : les lois de la physique s’appliquent dans tous les domaines, pourquoi ne s’appliqueraient-elles pas au domaine du vivant ?

On découvre ainsi qu’une fois que l’ovule a été fécondée et que la cellule a commencé à se démultiplier, elle atteint une certaine taille et contient suffisamment de cellules, réparties en plusieurs couches de densité distinctes, pour que des mécanismes physiques se mettent en marche. Difficile de vous décrire en quelques mots ce que ce livre explique avec abondance de schémas, mais disons que des tourbillons se forment et provoquent à la fois un étirement de l’embryon et un affaissement suivi de torsions, qui vont provoquer l’apparition de ce qui deviendra des organes : colonne vertébrale, coeur, tête, yeux, membres. Tout y est dès les premières heures, en puissance bien évidemment. À ce stade de développement, l’embryon est encore une sorte de galette molle, et chaque contact entre des parties de la galette qui ne devraient pas se rencontrer peut provoquer un développement catastrophique par la suite.

On y découvre aussi que le corps se crée d’abord … par l’anus, pour former un dos, puis une tête, puis le reste, via le déplacement de pls à la surface de l’amas de cellules. Ce qui est surprenant, c’est que c’est exactement la même mécanique qui est à l’oeuvre, qu’on s’intéresse à l’homme, à la grenouille, au poisson ou au poulet. La différenciation des organes et des espèces n’interviennent qu’ultérieurement. C’est la durée de la séquence de torsion et d’enroulement, les étapes qui s’enchaînent, qui détermine par la suite à quel famille d’organismes on a affaire.

C’est un livre passionnant, foisonnant de détails surprenant sur la conception des organismes. Un livre qui exprime en termes simple comment l’étude du vivant peut désormais s’appuyer sur des techniques révolutionnaires, permettant d’en savoir toujours plus, et qui pose les bases d’un renouveau de la biologie. Mais c’est aussi un livre où Vincent exprime la difficulté de faire passer ces nouvelles idées, dans un milieu scientifique qu’on découvre d’un sectarisme inattendu.

Si vous voulez vous faire un idée du contenu du livre avant de le lire, je vous invite à découvrir cette conférence en ligne de Vincent Fleury, disponible également sur son site (où on trouve plein d’autres informations intéressantes).

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