Le monde sans fin

Publié le 15 février 202415 février 2024 par Herve Kabla

Si vous vous intéressez à la planète, aux changements climatiques ou aux économies d’énergie, vous êtes surement tombés, un jour ou l’autre, sur Jean-Marc Jancovici. Ce polytechnicien, âgé d’une soixantaine d’années, est une personnalité appréciée des médias. Il faut dire qu’il a son franc-parler et qu’il n’hésite pas à défendre des positions peu conventionnelles aux yeux des écologistes et autres défenseurs de la planète. Cela fait de lui un très bon client pour les débats télévisés dès qu’il fait un peu trop froid ou un peu trop chaud.

Mais attention ! Si Jancovici est un bon client, il sait aussi très bien défendre ses arguments. Guillaume Erner, l’animateur des matinales de France-Culture, en a fait les frais il y a quelques années, comme en témoigne l’enreigistrement vidéo suivant.

J’ai reçu il y a quelques mois la bande-dessinée qu’il a co-écrit avec Christophe Blain, le formidable illustrateur de Quai d’Orsay (qui a l’ari d’apprécier les collaborations avec des X…). Je dois reconnaître que j’ai mis un certain temps à la lire, car ce n’est pas un ouvrage qu’on parcourt en quelques minutes, comme un Astérix ou un Lucky Luke. Mais je dois avouer que je n’ai pas été déçu.

Prenant le lecteur par la main, Jancovici et Blain exposent l’intrication des problèmes climatiques et de l’usaged’énergies fossiles en partant de l’origine du problème : la définition de l’énergie, comme un flux qui permet de caractériser la transformation du monde. Consommer de l’énergie, c’est accélérer la transformation du monde, par l’adjonction de services de plus en plus puissants. Or le problème de l’énergie, comme on l’apprend dès lors qu’on fait un peu de physique, c’est que dans un système isolé, l’énergie ne varie pas, elle se conserve. Et donc si l’on veut en utiliser de plus en plus, pour construire des hôpitaux, améliorer les transports, ou pour loger ou alimenter toute la planète, il faut bien la prendre quelque part.

Mais pour consommer de l’énergie, il faut l’extraire. Et si pour en extraire, on doit consommer plus qu’on en produit, cela pose problème. L’humanité a donc cherché, depuis des siècles, des sources d’énergie aux rendements de plus en plus formidables. Ce fut pendant longtemps le bois (pour se chauffer, essentiellement), puis le charbon, puis le pétrole ou le gaz, l’énergie nucléaire, et depuis peu, les énergies dites renouvelables, aux rendements quasi infinis car disponibles presque sans efforts…. Mais ces dernières ne sont pourtant pas la panacée, car leur disponibilité n’est pas assurée. Dès lors, le nucléaire est le seul compromis acceptable.

Bien sûr, cet article n’est qu’un très rapide résumé des propos de Jancovici, remarquablement illustrés par Christophe Blain. Je ne peux qu’inviter mes lecteurs à se procurer cette bande dessinée remarquablement conçue, très didactique, et parsemée d’éléments de comparaison qui permettent de mieux comprendre la réalité des problèmes soulevés, et l’inanité des réponses apportées par certains défenseurs de l’environnement. prévoir quand même deux ou trois bonnes heures pour en venir à bout, et peut-être une ou deux relecture, pour mieux mesurer la profondeur des propos…