Microcosmos

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Chaque année, il m’arrive de tomber sur un livre absolument révolutionnaire, qui bouscule mes connaissances et me semble être un livre à recommander au public le plus large. Microcosmos – à ne pas confondre avec le film du même nom – fait partie de ces livres extraordinaires. Son auteur, Lynn Margulis, est une biologiste américaine d’origine juive, disparue il y a une dizaine d’années. Enfant précoce, elle fut en outre la première épouse de Carl Sagan.

Microcosmos est un livre sur la vie. Plus exactement sur le vivant, l’évolution de la vie sur Terre depuis que notre planète s’est créée, il y a quelques milliards d’années. On sait que tout au long de sa longue histoire, la terre a été peuplée d’organismes de toutes sortes, dont nous ne constituons qu’une espèce peut-être un plus originale que les autres (du moins de notre point de vue).

La thèse de ce livre, c’est d’établir une filiation directe entre toutes ces formes de vie. Plus précisément, de réunir l’ensemble des règnes – animaux, végétaux – comme les descendants d’une forme de vie initiale commune. Et quelle est cette forme initiale ? Tout simplement la cellule procaryote, le micro-organisme unicellulaire, qu’on connaît de nos jours sous la forme de bactéries ou d’archées.

Dans Microcosmos, Lynn Margulis raconte l’histoire de la vie depuis ses origines, de la soupe chimique initiale qui va conduire à la formation des premières molécules qui conduiront au vivant, sous leur première forme. Un processus qui s’est étalé sur près d’un milliard d’années, qui a vu l’apparition de toutes formes de bactéries, capables de se reproduire, et d’ingérer des éléments variés, plus ou moins nocifs. Dans cet univers féroce, les peuplades de bactéries survivent en se spécialisant. Margulis raconte comment l’augmentation drastique du taux d’oxygène dans l’atmosphère a bouleversé ce microcosme, et favorisé le développement de cellules capables de consommer l’oxygène pour se nourrir et survivre…

Mais elle va encore plus loin, et expose une idée radicale : les cellules eucaryotes, celles contenant un noyau et dont nous, et l’ensemble des plantes et des animaux, sommes constitués, ne seraient rien d’autres que les descendants de bactéries ayant ingéré d’autres bactéries aux fonctions variées.

Inutile d’en dire plus. Il faut lire ce livre fondamental, et le faire lire par de jeunes lecteurs adolescents. Les hypothèses qui y sont émises, et les découvertes qui y sont exposées, apportent un foisonnement de connaissances dont il serait regrettable de se passer.

Seul regret : décédée en 2011, Margulis n’a probablement pas connu la révolution récente du séquençage de l’ADN à la demande, et les bouleversements qu’apporte l’étude de l’ADN ancien, le prix Nobel 2022. Dieu seul sait ce qu’elle aurait fait de ces connaissances additionnelles…

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