Éloge de l’imprévu

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Voici un petit livre jouissif, découvert dans la page Littérature du Canard Enchaîné : Éloge de l’imprévu. Son auteur, Jean-Claude Weill, est un biologiste et immunologiste reconnu, membre de l’Académie des sciences, spécialiste du développement du système immunitaire. Ce livre n’est cependant pas un livre de biologie, un peu aride et destiné à un public averti, mais un livre passionnant qui devrait être lu par toute personne qui se pose des questions sur l’univers de la recherche, comment il fonctionne, de manière bien moins organisé – presque chaotique – qu’on ne l’imagine.

Et pour illustrer ses propos, Jean-Claude Weill s’appuie sur le parcours d’une vingtaine de profils scientifiques originaux, à commencer par le sien. Car loin d’être destiné à la recherche en immunologie, Jean-Claude Weil aurait dû, si tout avait marché comme prévu, être dentiste… Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et au lieu de traiter des caries et des implants, Jean-Claude Weil a préféré passer ses journées sur la paillasse, pour faire des milliers de manipulations, dont une part non négligeables n’aboutirent à rien…

Loin de s’en offusquer, Jean-Claude Weill montre comment le parcours de nombreux chercheurs, et parmi eux d’illustres scientifiques qui ont eu l’honneur d’un appel du comité Nobel, est jalonné, par essence, d’échecs, de changement d’orientations, de réussites dus le plus souvent au hasard ou à une intuition inattendue, qu’au cheminement d’un raisonnement rigoureux…

Des chercheurs sachant trouver…

On découvre ainsi l’inventeur du test PCR, Karys Mullis, un californien passionné de surf, qui s’est intéressé aux conditions de survie d’une bactérie dans les eaux chaudes d’un parc national américain, à qui fut décerné un prix Nobel bien qu’il ait l’habitude, intégrer des bimbos langoureuses dans ses présentations… Ou l’histoire de ces chercheurs rivaux, inventeurs de deux types de vaccins contre la polio.

La force de ce livre ne réside pourtant pas dans l’accumulation de ces parcours parfois extraordinaires, parfois moins glorieux. Elle transparaît au fil des pages dans l’humanisme et la bienveillance dont fait preuve son auteur au fil des pages. Il revient bien sûr sur ses origines juives, sans faire preuve d’un attachement plus que symbolique au judaïsme ou à Israel – avec au passage, deux ou trois blagues savoureuses, comme celle de cette affiche apposée sur un mur où l’on parle d’un grand concours, dont le premier prix serait une semaine en Israel, et le second prix… deux semaines en Israel.

Jean-Claude Weil achève son exposé par quelques remarques utiles sur l’avenir de la recherche en France. Rien de très original pour qui s’intéresse au sujet, le simple constat que si l’on continue sur la même voie, en négligeant le financement de la recherche, à commencer par les salaires, notre pays risque de figurer d’ici quelques années en queue de peloton, loin derrière les pays qui, à l’instar de la Chine, ont su donner le cou de collier permettant de partir de presque rien, et de se situer dans le groupe de texte, tous secteurs confondus…

Voici peut-être un livre à offrir à nos élus…

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