La chaîne de sous-traitance, fléau des temps modernes?

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Quel est le lien entre le Boeing 787 Dreamliner, et les lasagnes surgelés de chez Findus? Tous deux font appel à une chaîne de sous-traitance, et tous deux ont connu des déboires majeurs, en raison de cette sous-traitance, justement.


325 sous-traitants ont participé à l’élaboration et la fabrication du dernier né des longs courriers de chez Boeing. C’est beaucoup, mais c’est en fait près de 20 fois moins que ne le faisait ce géant de l’aéronautique il y a moins de 10 ans: Boeing est passé de plus de 6000 à 300 sous-traitants en dix ans. Pourquoi ce changement de cap? Tout simplement parce que Boeing a enfin compris la prise de risque insensée à déléguer une part de sa responsabilité à une myriade d’entreprises qui ne sont parfois impliquées que de très loin dans le processus de fabrication. Pour le Dreamliner, Boeing a souhaité se focaliser sur des sous-traitants devenus es partenaires à part entière, qui partagent les bénéfices, mais aussi les risques. Et pourtant, cela ne l’a pas empêché de connaître les déboires que l’on sait avec les avaries sur certaines batteries, provoquant une immobilisation forcée de la flotte d’appareils déjà livrés.

Sous-traiter, cela a des avantages, et presque tous les grands industriels ont opté pour ce modèle d’organisation. Cela permet de se séparer d’une part importante de collaborateurs, sur des métiers qui n’ont pas une importance stratégique. Cela permet de mettre plusieurs sous-traitants en compétition, de jouer sur les prix, de délocaliser la production de certaines pièces, de faire participer des pays lointains dans l’optique de leur revendre, un jour, certains appareils, sous prétexte de faire fonctionner leurs économies.

Oui, mais cela a un effet pervers: via la sous-traitance, ces grands industriels ont perdu le savoir-faire du détail, pour ne garder que la vision d’ensemble. Et lorsque le détail reprend toute son importance, il est trop tard: on devient alors dépendant de son sous-traitant, alors qu’on croyait que c’était l’inverse.

Les failles de la chaîne de sous-traitance ne sont pas les mêmes dans le cas de l’affaire de viande de cheval trouvée dans des lasagnes surgelées Findus.


Infographie: Le Monde

On se doute bien que quelque part, le circuit a mal fonctionné. Arnaque? Erreur d’étiquetage? Manipulation? Erreur de contrôle. On n’en sait rien pour l’instant, mais on se dit que si Findus réduisait la taille de sa chaîne de sous-traitance, ce genre d’histoires auraient moins de chances de se produire.

Avoir des sous-traitants, c’est bien. Mais avoir une myriade de sous-traitants qui interagissent entre eux, c’est le début des emmerdes…

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