Hyperformance : Ecoutez ce que les champions vous disent

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Quelles sont les caractéristiques communes des grands sportifs ? Bertrand Pulman, professeur de sociologie et spécialiste des questions de sport et de santé, s’est intéressé à cette question. Il livre ses conclusions dans un petit livre qui m’a parfois fait penser à ces livouvragesres dont l’objectif est d’aider les chefs d’entreprise à mieux performer (Good to Great, Start with Why, ou encore Built to Last). Publié aux Editions du Palio, Hyperformance est cependant beaucoup plus agréable à lire que ces textes écrits par des consultants qui vendent leur soupe insipide, tout simplement peut-être parce qu’en l’occurrence, il n’y a rien à vendre, mais beaucoup à apprendre.

Pulman identifie quatre caractéristiques majeures, pour lesquelles il fournit un moyen mnémotechnique similaire aux 4P du marketing mix, popularisés Jerome McCarthy. Ici, cependant, on ne parle pas de produit ni de prix, mais de préparation, de partager, de persévérance et de plaisir. Notez-bien que performance n’en fait pas partie…

P comme Préparation

La notion de préparation est essentielle. Dans le sport comme dans les arts ou les sciences, le talent et le génie ne s’improvisent pas. J’adore la citation attribuée à Amélie Mauresmo : Le talent, c’est de savoir travailler. Les grands sportifs sont des drogués de travail, il ne se passe pas un jour sans qu’ils ne répètent leurs gestes – j’allais écrire leurs gammes, car c’est la même chose dans la musique. C’est ce geste répété des milliers de fois qui permet de sortir les grands coups dans les grandes occasions, et qui fait la différence. Et ce travail incessant doit se réaliser dans des conditions de travail et de concentration, et non de détente. Je me souviens de l’anecdote attribuée à Djoko, qui jeune joueur à ses débuts, arrivait toujours avant les autres et souhaitait commencer les cours sans attendre, car lui, contrairement aux autres élèves, souhaitait devenir champion…

P comme Partage

La deuxième notion essentielle, c’est qu’on ne devient pas un champion seul. C’est grâce au travail d’une équipe qu’on parvient à ce statut, quand bien même évolue-t-on dans un sport dit individuel. Le succès d’un Nadal ou d’un Tiger Woods, c’est le succès d’un pool d’individus : entraîneur ou coach, préparateur physique, médecin, kiné, famille, et même, dans le cas de Roger Federer, d’une personne dont le rôle principal et de corder les raquettes du champion… À titre personnel, j’ai fait le parallèle avec le monde des études : derrière chaque élève brillant se cache un ou deux profs qui ont influencé son destin, un environnement familial souvent favorable, des camarades de classe qui assurent l’émulation nécessaire, bref, on ne devient pas Einstein tout seul.

P comme Persévérance

La troisième dimension principale, c’est cette capacité à durer, qui s’appuie sur une qualité essentielle : savoir enchaîne défaites et succès avec la même détermination. Tous les sportifs, nous dit Bertrand Pulman, détestent perdre. C’est d’ailleurs une de leurs caractéristiques communes. Mais ce qui fait un grand champion, c’est une telle détestation de la défaite, qu’elle surpasse, en valeur absolue, le plaisir de la victoire. En fait, tout se passe comme si l’important n’était ni de participer, ni de gagner, mais de ne pas perdre. Les champions enchaînent les compétitions, les matches, sans accorder plus de valeur que nécessaire à la victoire, leur seul objectif est de gagner le point suivant.

C’est d’ailleurs, nous dit l’auteur, ce qui différencie principalement les tennismen français, pourtant brillants comme Tsonga ou Gasquet, de joueurs comme Nadal ou Federer. Les tennismen français accordent une trop grande importance à la victoire, si grande qu’elle les tétanise la veille d’un grand match, et produit souvent une retraite anticipée en cas de victoire, comme pour Noah ou Bartoli.

P comme plaisir

La quatrième notion essentielle, enfin, c’est celle de plaisir. Non pas plaisir de la victoire, comme évoqué précédemment, mais plaisir de jouer, de faire son travail. Un plaisir tel que le temps semble suspendu, comme pour ces enfants capables de jouer au football sans se lasser des heures durant. C’est cette dimension de plaisir qui fait que la souffrance physique est sublimée, et que les sportifs ne lui accordent presque pas d’importance, en réalité. Un plaisir et une joie de vivre, qui permettent à un navigateur solitaire d’encaisser 40 jours de mer déchaînée sans broncher, ou d jouer un 5ème set les membres fourbus.

Un livre pour tous, sportifs ou non

Abondamment truffé d’exemples et de citations tirés du monde du sport, avec une prédominance du tennis, Hyperformance est un livre très agréable à lire. Les parallèles que l’auteur tente de tirer avec l’univers du travail me semblent moins probants que ceux que j’ai tiré, à tire individuel, avec l’univers de la musique ou des études. Un excellent musicien s’entraîne à longueur de journée, par ce qu’il aime cela, que buter sur un morceau ne l’empêchera pas de continuer, et que l’apprentissage d’un instrument peut changer du tout au tout lorsqu’on change de professeur.

Je vous laisse faire le parallèle avec les maths ou la chimie…

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