Oser le conflit, éviter la violence : Pour des relations apaisées

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J’ai toujours évité les conflits. La confrontation, le ton qui monte, les invectives, les menaces, les phrases cassantes, ce n’est pas mon fort : je n’en suis pas capable, et lorsque cela vient du camp d’en face, j’ai plutôt tendance à esquiver ou mettre un terme à la relation, plutôt qu’à prolonger l’échange. C’est peut-être moins une question d’éducation que de personnalité, et je ne pense pas être le seul.

Aussi, lorsque Laurent Quivogne, un camarade de promo, m’a proposé de lire son livre intitulé « Oser le conflit« , mon premier réflexe a été de me dire que je n’étais pas concerné. Pourquoi lire un livre sur le conflit alors qu’on est soi-même enclin à l’éviter.

C’est alors que j’ai remarqué la fin du titre : « … éviter la violence, pour des relations apaisées ». Comment peut-on opposer conflit et violence ?

Au fait, c’est quoi un « conflit » ?

C’est justement tout le propos de ce livre, qui constitue en quelque sorte un manuel pour apprendre à gérer les conflits auxquels toute personne aura un jour ou l’autre à faire face, dans sa vie privée ou professionnelle – cet ouvrage ne traite néanmoins pas de conflit armé ou de guerre.

D’emblée, Laurent Quivogne pose le cadre qui permet d’approfondir le sujet, en définissant soigneusement les termes. Le conflit est un désaccord qui nécessite un ajustement. La violence, c’est lorsque l’on fait disparaître l’autre. Et c’est bien le problème : en l’absence de conflit, donc d’ajustement, on a tendance à faire disparaître l’autre, et donc à sombrer dans la violence.

De la compréhension du conflit à l’engagement, puis à la gestion de la fin du conflit – aussi bien en cas de « victoire » que de « défaite », ce livre accompagne le lecteur et l’aide à mieux recadrer la relation avec l’autre.

Un livre fait pour tous les lecteurs

S’il n’y avait que cela, ce livre serait déjà un bienfait pour nombre de lecteurs. Mais dans les dernières pages, ce livre prend une dimension encore plus intéressante, où l’auteur se laisse aller à des considérations plus larges, qui renforcent l’intérêt du livre. Sur l’indignation, par exemple, un sujet devenu très tendance – et les réseaux sociaux n’en sont pas les seuls causes. Notre société considère de plus en plus l’indignation comme la meilleure réponse à l’injustice : c’est faux, nous rappelle Quivogne, c’est l’engagement, et donc le conflit, qui permet de réparer l’injustice, pas l’indignation.

Le conflit, c’est aussi le débat. Or le débat, sous toutes ses formes, se vide peu à peu de sa valeur. On privilégie le coup d’éclat au débat de fond, plus ennuyeux, mais pourtant le seul qui nous permette de progresser vers la résolution du conflit par des ajustements. Le risque que cela présente, c’est de renoncer au conflit démocratique, pour entrer dans des formes plus molles, qui laissent le champ libre à l’avènement de régimes plus autoritaires, où disparaît le conflit, et où la violence règne en maître.

Un livre à lire, je vous le dis…

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