Connaissez-vous les bioseaux ?

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Attention, grâce à ce blog, vous allez découvrir un nouveau mot : bioseau (au pluriel, bioseaux). Peut-être vous demandez-vous de façon parfaitement légitime de quoi il s’agit ? Et bien c’est très simple : c’est une poubelle destinée à recevoir les déchets alimentaires : épluchures, aliments pourris, restes que vos enfants ont négligemment laissés dans leur assiette, parce qu’ils n’ont plus faim ou parce que c’est immangeable… En gros, un bioseau ça ressemble à cela.

Et bien figurez-vous que dans la ville où je réside, qui fait partie de ce qu’on appelle le Grand Paris, la collecte des ordures inclue désormais une collecte spécifique pour ce type de déchets. Vous pourrez les reconnaître grâce à la couleur du couvercle des poubelles : marron, bien différente du jaune de la poubelle destinée aux emballages en carton et au métal, et du vert destiné aux autres ordures ménagères (cotons, sacs plastiques, bouchons de liège, bref, ce qui n’est pas compostable).

Ainsi, GPSO a commencé il y a une quinzaine de jours à distribuer des bioseaux sur les paliers de tous les appartements des immeubles de ma commune. C’est bien, non ? C’est ce qu’on pourrait considérer comme de l’écologie active, ou incitative : non seulement nous organisons une collecte différenciée, mais en plus, nous vous donnons les moyens d’y procéder.

Sur la photo, ça n’a pas l’air très grand. Et je vous le confirme, c’est assez petit. Les inventeurs des bioseaux ne devaient pas être très grands, ni être de grands mangeurs, ou bien peut être vivaient-ils seuls, en ne s’alimentant que des conserves, dont les boîtes sont jetées … dans la poubelle jaune, c’est bien, je vois qu’il y en a qui suivent.

Du fait de cette petite taille, mes enfants m’ont alors fait une suggestion – ils sont bien mes enfants, brillants et intelligents comme leurs parents, prêts à venir en aide aux adultes perplexes qui ont rempli leur bioseau d’épluchures de carottes et de pommes de terre en une demi-journée.

« Yaka inverser la grande poubelle habituelle et le bioseau », m’ont-ils dit. Un peu comme aux échecs, où inverser un enchaînement de coups permet parfois de trouver la solution du problème. « Les déchets alimentaires, on les met dans la grande poubelle, et les ordures ménagères non compostables, on les mets dans le bioseau »…

C’est pas con, hein ?

En plus, une fois qu’on met les déchets compostables de côté, que reste-t-il ? Des cotons-tige, des vieux kleenex, des sopalins, rien qui prenne vraiment de la place. Va donc pour inverser les réceptacles. Mais cela ne va pas sans difficulté.

D’abord, cela ne me permet pas de profiter de l’offre exceptionnelle de GPSO, qui nous a fournis des sacs spéciaux compostables (deux rouleaux de 30 unités) pour tenir 6 mois… ce qui signifie vider le bioseau tous les 3 jours. Ce qui est normal, si on se souvient que les concepteurs du bioseau version GPSO sont de petite taille et mangent très peu. Mais qui ne convient pas à une famille active comme la nôtre. Bref, il va falloir offrir les sacs pour petit bioseau à nos voisins, et acheter des sacs grands bioseaux – si toutefois ils existent…

Deuxième problème, c’est que dans ma résidence, il y a pas mal d’appartements. C’est une grande résidence. Il y a 4 poubelles à couvercle vert, et une seule poubelle à couvercle marron.

Rappel : marron – bioseau, vert = déchet ordinaire.

Et là, j’ai suivi un raisonnement d’ingénieur, vous savez, ce type de raisonnement où l’on observe un fait et où on généralise à l’ordre 2 ou 3, parce qu’on a un esprit brillant et qu’on n’a pas besoin de faire des enquêtes terrains. Je suis parti du principe que dans ma résidence n’habitent que des gens brillants et intelligents. Comme mon épouse et moi. Cela fait plusieurs dizaines de foyers de gens brillants, qui donnent des enfants brillants. Jusque là vous suivez ? C’est bien, vous pourriez être mon voisin.

Et bien ces enfants brillants de mes voisins brillants, peut-être ont-ils mené le même raisonnement que le mien, et ont-ils décidé d’inverser leur bioseau et leur poubelle ordinaire, pour éviter de changer de sac poubelle 10L toutes les demi-heures.

Bref, à la fin de la journée, cela fait presque autant de poubelles compostables qu’il n’y avait auparavant de poubelles ordinaires.

Seulement voilà, GPSO, dans sa grande clairvoyance, ne nous a fourni qu’une seule poubelle à couvercle marron.

Je vous laisse réfléchir 5 minutes ou c’est clair pour vous ?

Oui vous avez compris, on va au devant d’une catastrophe : la poubelle marron risque de déborder…

C’est donc avec une certaine appréhension que j’ai descendu, portant pour la première fois ma poubelle compostable, les 17 marches qui me séparent du premier sous-sol, actionnant une à une les portes qui me conduisent vers le local poubelle. Qu’allais-je donc trouver ? Une montagne de déchets compostables débordant d’un couvercle marron à peine reconnaissable, face à 4 poubelles vertes brillantes (elles aussi) et immaculées ? La sueur qui dégoulinait de mon front alors que je poussais la dernière porte fit tomber une goutte humide sur ma manche…

Et j’eus alors une apparition majestueuse.

Elle trônait là, seule, immaculée.

La poubelle marron.

Je soulevais son couvercle.

Elle était vide.

(soupir de soulagement)

Et depuis dix jours, chaque soir où je descends ma poubelle compostable, je fais le même constat : la poubelle marron est vide, les poubelles vertes sont bien remplies. Comment interpréter ce phénomène ?Je vois trois explications.

La première, c’est que mes voisins n’ont pas compris à quoi servait leur bioseau. J’en doute, il y a là des cadres supérieurs de tous âges, des gens brillants bardés de diplômes, qui n’ont certainement pas eu besoin de faire trop chauffer leurs neurones pour comprendre comment cela fonctionne. D’autant plus que GPSO a livré une superbe petite notice explicative, pour expliquer ce qu’on peut y mettre ou non. Par exemple les coquilles d’oeuf ? Oui. Les épluchures de pistache ? Oui. Le marc de café ? Oui aussi. Les capsules Nespresso ? non non non !

La deuxième, c’est que les enfants de mes voisins ne sont ni brillants, ni intelligents. Ce qui me paraît inconcevable, d’abord parce que ce sont les enfants de mes voisins, ensuite parce que je les croise souvent, et oui, je peux le confirmer, ils sont brillants.

Il ne reste, hélas, qu’une seule explication : à part moi, dans cet immeuble, personne n’en a rien à foutre de sauver la planète en mettant ses déchets compostables dans un petit sac vert biodégradable de 10L… Quelle tristesse ! moi qui avais foi dans l’humanité, dans la prise de conscience tardive de mes compatriotes, dans la poubelle au couvercle marron.

tous les soirs.

Mais attendez…

Attendez…

Oui, c’est ça, ma femme me souffle dans l’oreille une dernière explication….

La poubelle des déchets alimentaires attirerait … les mouches ! Et oui, c’est confirmé, chaque soir, un nuage de petits moucherons s’accumule autour de ces déchets alimentaire, si on le garde dans le bioseau.

Peu m’importe, au final, le comportement de mes voisins.

je continuerai à descendre mes déchets alimentaires dans la poubelle au couvercle marron que le responsable de l’entretien ménager doit surement astiquer tous les jours pour être aussi propre et belle …

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