Stanislas de trèfle qui pique ton coeur

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Ce pourrait n’être qu’un nouvel épisode de la série « effet papillon ». Pourtant, l’affaire Oudea-Castera-Stanislas est en train de prendre une ampleur insensée, dans une France saisie par une vague de jalousie et de mépris de classe réciproque plus aigüe que la vague de froid qui a sévi ces derniers jours. Essayons de comprendre ce qui a pu se passer en si peu de temps pour que cet établissement privé aux résultats brillants soit privé de l’aide de la mairie de Paris.

Acte 1 : erreur de casting ?

Tout commence avec le départ d’Elisabeth Borne il y a quelques jours, et la formation du gouvernement de Gabriel Attal, un gouvernement de combat, avec des figure de punchers comme Rachida Dati. Finie l’époque des novices en politique, et des affaires qui se sont succédées depuis 2017, pense-t-on à l’Elysée. Gabriel Attal, qui détenait le portefeuille de l’éducation, laisse sa place à Amélie Oudéa-Castera, déjà ministre des sports et des JO (!), qui bénéficie donc d’un portefeuille large.

Tout aurait très bien pu se passer, si la presse n’avait pas relevé que les enfants de la super-ministre des sports-étude étaient scolarisés dans un établissement privé, Stanislas. Ce faisant, elle n’est pas la première ministre de l’éducation à avoir mis ses enfants dans le privé. Avec Gabriel Attal, Pap Ndiaye avait officié rue de Grenelle, alors que ses enfants étaient également dans le privé, à l’Ecole Alsacienne. En quoi le cas de l’actuelle ministre est-il différent ?

Et bien tout d’abord, Pap Ndiaye vient de l’enseignement et il est membre du Parti Socialiste. La presse de gauche n’a, semble-t-il, pas voulu se mettre en travers de son chemin. À l’inverse, Amélie Oudéa-Castera, ancienne sportive diplômée de Science-Po, de l’ESSEC et de l’ENA, est au parti Renaissance, et incarne des valeurs de droite. Elle et son mari ont évolué dans le monde des grandes entreprises, où les jeux de pouvoir font fantasmer des journaux comme Mediapart, en quête du moindre scoop à deux balles. Bref, tout était prête pour un petit scandale à deux balles. Ajoutez à cela que si l’Ecole alsacienne est un établissement privé, il se définit comme laïque, alors que Stanislas, lui, est un établissement catholique.

Acte 2 : défense sans conscience

Ce scandale à deux balles va exploser en plusieurs temps. Interrogée sur le pourquoi de la scolarisation de ses enfants dans le privé, la ministre invoque l’absentéisme des enseignants du public. Pour quelqu’un qui vient d’être nommée ministre de l’éducation nationale, on ne pouvait trouver prétexte plus maladroit. Elle aurait pu invoquer le respect de sa vie privée, des choix personnels qui ne regardent personne d’autre qu’elle et son mari, mais non, elle s’y prend comme un manche, sous le regard radieux de cette presse à scandale qui n’en demandait pas tant.

À partir de ce moment, cela part dans toutes les directions. On apprend que ses enfants ont quitté le public au bout de six mois, on retrouve l’institutrice de ses enfants qui, ô merveille, se souvient parfaitement de son emploi du temps d’il y a dix ans, des syndicats d’enseignants appellent à la grève pour protester contre les propos de la ministre (donnant sans s’en rendre compte raison à sa propre défense maladroite…), les députés LFI se dressent comme un seul homme, pour réclamer le départ de celle qui pilote les JO depuis quelques mois. Bref, ça mijote pendant quelques heures, jusqu’à ce que la ministre soit contrainte de faire amende honorable. Cela aurait pu s’arrêter là, mais non, l’heure avait sonné pour lancer un appel au djihad à la française : école publique contre école privée.

Acte 3 : Mediapart persiste et signe

Que cela soit clair : je n’aime pas Mediapart, et j’exècre Edwy Plenel. Je me souviens, pourtant, il y a une trentaine d’années, avoir assisté à une conférence où le jeune journaliste d’investigation qu’il était exposait avec brio sa philosophie. Mais trois décennies plus tard, je ne peux que constater les dégâts intellectuels et moraux causés par ses méthodes et ses propos, loin de la satire plus subtile d’un journal comme le Canard enchaîné.

C’est donc Mediapart qui ouvre ce troisième acte, avec la publication d’un rapport prétendument enterré, sur les scandales du collège et lycée Stanislas, établissement privé sous contrat qui ne respecterait pas les obligations qui lui incombent, et qui est accusé de dérives sexistes, racistes ou homophobes. La mairie de Paris, qui subventionne Stanislas a hauteur d’un million et demi d’euros par an, pour les presque 2000 élèves scolarisés en maternelle ou au collège, réagit au quart de tour, et annonce supprimer cette aide. Une décision à corréler, bien sûr, à la nomination de Rachida Dati, qui entend s’opposer à Anne Hidalgo à la mairie de Paris d’ici quelques temps…

Triste époque, triste époque épique

Nous vivons des temps douloureux, et à plus d’un titre. Voici un établissement qui parvient à tenir son rôle, en prodiguant un enseignement basé sur des valeurs qui, me semble-t-il, n’ont rien de répréhensible. Établissement où prodigué un enseignement religieux, certes, comme des dizaines d’autres établissements. D’où des dizaines d’élèves partiront armés de solides connaissances. Certains feront même leur classe prépa à Stan, comme on l’appelle. Une prépa scientifique qui depuis quelques années se classe dans le top 5 des prépas parisienne, plaçant 20% de ses élèves à Polytechnique.

Mais plus grave encore, voici qu’indirectement, on sanctionne non pas ceux que Mediapart voulait punir, mais justement ceux qui pourraient bénéficier du rôle moteur que peut tenir Stanislas. Car les subventions de la ville de Paris ne servent probablement pas à payer les profs, au vu des tarifs déjà élevés de la scolarité (cependant moins élevés que dans les écoles juives…), mais plutôt à accueillir des élèves boursiers, ou nécessitant des aides spécifiques.

Voici une nouvelle démonstration de l’inanité et de la perversité des forces qui se déclarent de gauche dans ce pays, mais qui, pour des raisons purement politiciennes, oeuvrent à contresens des valeurs qui devraient les propulser.

Serait-ce l’effet de bord du en même temps ?

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