Le moment est venu de dire ce que j’ai vu

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Je ne suis pas un grand fan des livres signés par des personnalités politiques. Dans ma bibliothèque doivent traîner un livre de Giscard et un autre de Sarkozy, probablement offerts par des amis peu au fait de mes goûts littéraires. Mais je me suis surpris, récemment à feuilleter le dernier livre de Philippe de Villiers, « Le moment est venu de dire ce que j’ai vu« . Il faut dire que la FNAC en fait une promotion assez formidable. Mais après avoir lu quelques pages, je l’ai quand même acheté. Voici ce que j’en ai tiré.

Du vicomte, je ne partage pas les idées. Je l’ai toujours considéré comme un réac sans épaisseur, trop coincé pour assumer ouvertement les idées de la famille Le Pen, et trop attiré par les splendeurs de la vie politique pour y renoncer vraiment. Sa voix nasillarde, ses combats perdus d’avance, rien ne le rend vraiment sympathique. Et je n’ai pas encore pu assisté au spectacle du Puy du Fou (malgré les multiples invitations de mon ami Hervé).

le moment est venuSon livre ne le rend pas plus agréable, mais donne un éclairage neuf sur son parcours politique, commencé comme énarque stagiaire, détaché auprès d’un Jacques Chirac en pleine campagne Corrézienne, en 1976. Sur ces quarante années de politique, De Villiers livre une série de portraits trop rapides pour être exhaustifs, mais suffisamment venimeux pour faire remonter les tares des cibles qu’il vise: Chirac, Giscard, Sarkozy, Hollande, aucun n’en réchappe, pas même ses alliés occasionnels, Séguin auquel il reprochera d’être retourné à la soupe UMP, ou Pasqua, tellement drôle dans l’épisode des sondages symétriques commandés à la Sofres. Dans cette série de portraits, il manque Lionel Jospin, ou les deux Le Pen. Pourquoi un tel choix? A-t-il voulu régler leur compte à ceux qui l’ont humilié plus qu’il n’a souhaité informer les lecteurs sur les dérives de son système politique?

De Villiers aime la France, mais une France si attachée à ses valeurs et à son histoire, qu’elle ne doit plus s’ouvrir aux autres, et notamment à l’Islam, religion envers laquelle il éprouve une solide hostilité, tant elle lui fait peur. L’Islam n’est pourtant pas son seul ennemi: De Viliers n’aime pas plus l’Europe et sa technocratie, dont il dénonce l’emprise croissante obtenue au prix des renoncements successifs des dirigeants politiques français, ou la finance globalisée, la mondialisation galopante.

A l’inverse, il livre son admiration pour Soljenitsyne, venu jusqu’en Vendée pour dénoncer les méfaits des deux grandes révolutions russe et française, à Hassan II, dont il relate un étonnant entretien, et à Vladimir Poutine. Quel point commun entre ces trois individus? Leur farouche volonté à ne jamais renoncer à leurs racines, terme si important pour De Villiers.

Alors que penser de ces 300 pages parfois touchantes, souvent obséquieuses? Pas de véritable révélation là-dedans (Chirac et 1664, un grand classique…), mais le rappel des combats menés par ce personnage atypique dans un paysage politique français qui n’a eu de cesse de le décevoir. Restent quelques rappels historiques, et une revendication, celle d’être l’auteur de la formule du « plombier polonais », qui aida probablement les électeurs à voter Non au référendum sur la constitution européenne. Un bien faible bilan, en réalité.

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