OK Boomer !

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Certaines expressions, sans être particulièrement élégantes ni précises, finissent par s’imposer dans la langue de tout les jours. Par mimétisme, le plus souvent. OK Boomer ! en fait partie. Née sur les réseau sociaux il y a quelques mois, elle prend une ampleur telle aux États-Unis qu’il est vraisemblable qu’elle finisse par s’imposer même dans nos contées européennes. C’est d’ailleurs un post Facebook de mon ami Isaac Assayag qui m’a fait prendre conscience du phénomène.

Formule péjorative par excellence, elle s’utilise pour indiquer que celui à qui on s’adresse est dépassé et réagit avec des principes du passé. Elle est un peu l’équivalent d’un « vieux con » qu’on utilise parfois quand on a affaire à quelqu’un qui ne veut pas s’adapter aux modes actuelles. Elle fait bien sûr référence au « Ok Google » utilisé pour activer l’interface vocale d’Android, un peu comme si en lançant un « Ok Boomer » on activerait le mode vocal d’un vieux con péremptoire…

Plus insidieusement, elle marque une frontière de plus en plus marquée entre les générations les plus récentes, les millenials par exemple, et celles issues du baby-boom, d’où le terme boomers. Quand les premiers seraient prétendument à l’aise avec le digital, plus ouverts au monde, mais aussi plus concernés par les préoccupations du moment (changement climatique, droits des minorités), les seconds seraient fermés aux technologies, recroquevillés sur eux-mêmes, discriminatoires, et absolument incapables de s’inquiéter de l’avenir du monde.

Rien de neuf sous le soleil pourrait-on dire.

Et rajouter que rien n’est plus faux que cette prétendue fracture.

Car la première chose à remarquer, c’est que l’expression elle-même a tendance à enfermer et à discriminer une fraction importante de l’humanité, ces prétendus Boomers qui se ressembleraient tous. Elle démontre, de la même manière, l’absence de préoccupation de ces jeunes générations à l’égard de ceux qu’elle enferme dans cette catégorie de Boomers. Les jeunes reprocheraient-ils aux Boomers les mêmes travers dont ils font preuve ?

Surtout, cette expression fait table rase du passé. Un peu comme si le monde était né il y a moins de trente ans. C’est le « jeunisme » porté à son paroxysme, l’absence total d’intérêt pour l’expérience du passé, qu’elle soit positive ou négative. « Avant moi, le déluge », pourrait-on dire. Une approche des plus stupides.

N’oublions pas, au passage, que derrière chaque vieux con se cache un ancien jeune con, qui a probablement eu la même attitude vis a vis de ses aînés, Mai 68 l’a suffisamment montré.

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