Meta capuche

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Il est loin le temps du Zuckerberg avec son sweat à capuche. À 37 ans et des poussières, le patron de Facebook est devenu un homme d’affaires bien installé. Il surfe, il rame, enseigne l’escrime à sa fille Max (diminutif de Maxima), et continue de piloter l’entreprise qui permet à des milliard de gens de glandouiller en ligne, pardon de communiquer à l’aide de modernes moyens de communication, un tantinet manipulés par les algorithmes un peu spécieux qui sélectionnent les fils de discussion les mieux adaptés à notre humeur.

Tout ça pour ça ?

C’est dingue ça, d’ailleurs, quand on y pense. Qu’un individu, un parti politique ou un état impose tel ou tel type de lecture, et on parle aussitôt de dictature. Qu’il s’agisse d’un algorithme plus ou moins explicable, paré des attributs des nouvelles technologies (une goutte d’interface mobile, une pincée d’Intelligence Artificielle, une once de big data), et on oublie toutes les conséquences que cela peut avoir. Positives ou négatives.

Certes, on ne parle pas exactement de la même chose : dans le premier cas, la dictature impose le même contenu, les mêmes discours, les mêmes images, à des millions d’individus, de manière à les assommer. La dictature est une forme de spécialisation. Dans le second, l’algorithme varie selon le lecteur, et sélectionne les meilleurs contenus parmi des millions, pardon des milliards d’autres, susceptibles de les assommer tout autant : l’algorithme, même dictatorial, reste un héraut de la diversité.

Il n’empêche que de plus en plus de gens se plaignent de cet algorithme, et pas que dans les chaumières. Il y en a même chez Facebook, chez Facebook même, oui madame, à deux pas du bureau de Zuck (enfin, pas en temps de Covid, chez Facebook, c’est paraît-il le télétravail à vie pour tous les salariés), qui viennent clamer haut et fort qu’ils (ou elles) ont enfin ouvert les yeux. Alleluia ! Il suffisait d’attendre un peu, et Facebook peut s’enorgueillir de ses premiers lanceurs d’alerte.

À première vue, on pourrait se dire : tiens, c’est pas très gentil pour le patron. Et puis, c’est beau de venir faire mea culpa quand on a bien profité du système, mais dites-moi, à qui profite le crime ? Si on retire Facebook, Instagram et WhatsApp à tous ces gens, que se passera-t-il ? Vers quelles autres drogues douces se tourneront des milliards d’êtres humains ?

C’est là que le génie de Mark opère.

Mark a tout prévu. Il a vu Matrix (dont un 4ème opus est annoncé pour la fin de l’année). Il a vu Ready Player One (avec un peu de chance, il a même lu le livre). Il a connu Second Life (mais il était probablement trop jeune pour y jouer). Et surtout, il a acheté Oculus il y a quelques années, et il ne sait pas quoi en faire.

La suite est connue.

Acte 1 : j’annonce l’ère du Metaverse, sorte de Second Life mais en version 2021. Les vieux cons comme moi pensent probablement que cela ne va pas changer grand chose au destin de l’humanité. Ils savent qu’au bout de quelques minutes avec des lunettes de réalité virtuelle sur le nez, l’envie de gerber est difficile à dissimuler. Que même si la totalité du parc automobile devient autonome, il sera quand même risqué de traverser au coin de la rue avec un casque devant les yeux. Et les plus technophiles se souviennent que, comme dirait le Chi, Second Life a fait pschitt.

Le plus grand penseur de la fin du 20ème siècle, le Chi, copyright Guillaume Titus-Carmel

Acte 2 : je change le nom de la boutique. Coincé entre la boutique Second Life et la boutique Oasis (le monde virtuel dans Ready Player One), la boutique Facebook + Oculus avait du mal à attirer le chaland. Qu’à cela ne tienne, comme dans la blague bien connue, il suffisait de rajouter une immense pancarte « ENTRÉE PRINCIPALE ». La boutique principale s’appelle Metaverse ? Changeons le nom du magasin : il devient Meta.

Dites bonjour à Meta.

« Bonjour, Meta ».

Et testez l’URL meta.com.

Bienvenue dans le nouveau monde. Un monde sans capuche. Mais avec pas mal d’averses….

Enfin, des averses oui. Mais virtuelles.

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