Deezer ou Spotify?
La consommation de musique connaît sa troisième révolution. Après le temps du téléchargement illégal, après celui du téléchargement payant ultra-dominé par iTunes, voici le temps du streaming, dominé par deux acteurs: Spotify et Deezer. Mais comment choisir lequel de ces deux diffuseurs? Je me suis longtemps posé la question, avant de tester les deux services, chacun pendant un mois. Résultat: léger avantage à Spotify, pour les raisons suivantes.
Commençons par quelques généralités.
A quoi servent ces deux services?
C’est vrai ça, à quoi ça sert, puisqu’il existe déjà des offres de téléchargement légal, comme iTunes? Parfaitement, sauf que si on est un gros consommateur, et si on achète plein de disques, l’addition peut s’avérer relativement lourde à 1€ le morceau. De plus, passer par iTunes s’avère assez contraignant, puisqu’il faut synchroniser son mobile avec son PC, que ce n’est pas d’une rapidité fulgurante, qu’iTunes sur PC est une belle daube, bref, qu’une fois qu’on y a touché on rêve immédiatement à quelque chose de plus simple.
Bien sûr, il reste le téléchargement illégal, mais je mets immédiatement cette option de coté: d’abord, c’est illégal. Ensuite, c’est la porte ouvert à tous les excès, et notamment à l’accumulation de contenus qui ne sont pas tous de bonne qualité.
C’est la que des offres telles que Deezer ou Spotify prennent tout leur intérêt. Pour des sommes modiques, 5€ ou 10€ par mois, on accède à un répertoire très riche de contenus musicaux, auxquels on accède en streaming, c’est à dire par une écoute en continu, dans la version de base. Cette version de base est gratuite et illimitée sur PC pour Deezer, mais reste limitée à un mois sur mobile aussi bien pour Deezer que pour Spotify.
Qu’y a-t-il en commun?
Les deux applications s’installent simplement sur un mobile. L’identification peut se faire via un Facebook Connect, et on dispose alors de la possibilité de faire connaître ce qu’on écoute à ses amis, de partager les playlists, etc. La navigation est simple et fluide dans les deux cas. Aucun des deux protagonistes ne l’emporte sur l’autre.
Dans les deux cas, on peut conserver les contenus écoutés sur mobile, si on opte pour l’offre payante. Ces contenus sont alors accessibles en mode déconnecté (par exemple dans le métro).
L’offre payante, dans les deux cas se fait via un abonnement mensuel, pour lequel on peut choisir l’option Paypal. Pour suspendre l’abonnement, il faut passer par Paypal également, et suspendre l’abonnement, ce qui n’est pas si simple lorsqu’on le fait pour la première fois. Il faut remonter dans l’historique des transactions, jusqu’à la première, qui permet de retrouver les paramètres de l’abonnement, et ensuite demander l’annulation… Pas simple du tout, je confirme.
Pas de grosse différence au niveau des contenus. J’ai retrouvé mes artistes favoris comme Henri Dès (idéal pour les enfants et pour les grands), Aviv Geffen ou Toto. Les Beatles sont absents des deux plateformes, et petite déception du côté de Spotify qui ne propose que des reprises de Led Zeppelin… Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à une très grosse couverture des répertoires étrangers: nulle trace d’Arkadi Duchin, par exemple, et c’est bien dommage.
Spotify propose un système de radio associée à un morceau, un artiste, un album pour une playlist, sélectionnant de manière arbitraire des morceaux en rapport (style musical, époque, artiste) avec ceux sélectionnés. Ce système fonctionne pas trop mal, et permet de découvrir ou redécouvrir des morceaux, de sortir des sentiers battus.
Mais alors quelles sont les différences?
Première différence, au niveau de l’unité de consommation. A la recherche ou à l’écoute, pas de problème, les deux systèmes permettent de travailler au niveau du morceau, d’un album ou d’un artiste. Mais s’il s’agit de stocker sur son mobile, je n’ai pas réussi à stocker morceau par morceau avec Deezer: il faut conserver tout un album, ce qui peut prendre de la place au bout de quelques morceaux. Avec Spotify, la solution consiste à conserver les morceaux choisis dans une playlist. On limite ainsi la taille des données conservées sur le mobile (bien que rien ne soit dit sur la capacité limite de stockage).
Seconde différence, la synchronisation avec le contenu de son PC, de ses playlists iTunes ou Windows Media. Certes, c’est un peu lourdingue, et au final, j’ai fini par désactiver l’option, mais c’est une fonctionnalité qui peut plaire à celles et ceux qui ont déjà pas mal investi dans des playlists sur ces supports.
Troisième différence, l’intégration avec Shazam. C’est un petit rien, mais bien pratique: on écoute un morceau, un coup de Shazam, identification, et un lien propose d’écouter le morceau sur Spotify en un clic. Bien sûr, on pourrait très bien copier le nom de l’artiste et du morceau et procéder à une recherche, mais nettement moins bien intégré, quand même…
Bref, après un mois d’utilisation de ces deux services, j’ai finalement opté pour Spotify. Et jusque là, ça se passe pas si mal, à quelques bémols près, comme des playlists qui ne se téléchargent pas bien sur mobile; Il faut dire que j’utilise le même compte Spotify sur trois appareils différents, et que ce n’est peut-être pas le mode d’utilisation imaginé par ses inventeurs.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec