Autolib, c’est fini ?

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

Lors de mon inscription à Autolib il y a quelques années, j’avais écrit un article sur ce système d’auto-partage, dans lequel je revenais sur mon expérience personnelle. L’article se finissait sur une note optilisite, prévoyant un avenir radieu à la petite voiture grise et silencieuse.

Ainsi, passer sur Autolib revient à faire un arbitrage entre coût de stationnement et coût de déplacement. Sans compter l’impact environnemental. Enfin, si l’on inclut les frais d’entretien et la dépréciation du véhicule, alors là, l’équation devient largement plus favorable à Autolib…

Quatre ans plus tard, voici que la mairie de Paris annonce l’arrêt du programme. Comment a-t-on pu passer en si peu de temps du projet du siècle, qui allait transformer Paris en ville propre, à un tel fiasco?


La concurrence des VTC

C’est l’argument que j’entends à la radio depuis hier. Uber aurait fait autant de mal à Autolib qu’aux chauffeurs de taxi. Personnellement, j’en doute fort. Comme je le rappelai dans l’article cité précédemment, le coût d’un trajet Autolib, disons de Boulogne au centre de Paris, c’est de l’ordre de 7 à 8 euros. En Uber ou en taxi, il faut compter 20 à 30 euros minimum. On peut préférer Uber une fois, mais pas dix fois par mois. Certes, il y a le confort d’un transport porte à porte, durant lequel on peut travailler ou dormir, ce que ne permet pas le trajet Autolib. Mais économiquement, ça ne tient pas.

Le manque de bornes et de stations

C’est un problème que je pointais déjà: la faible densité de bornes dans la première couronne. Si Paris intra-muros était bien équipé, sur une ville comme Boulogne, nous sommes restés longtemps avec 4 ou 5 stations: c’est peu, et cela signifiait qu’il fallait traverser la moitié de la ville à pied pour récupérer son véhicule. Or le conducteur est paresseux: il se gare rarement à plus de 500m de l’endroit où il souhaite accéder. Et un nombre important de véhicules qui circulent dans Paris sont conduits… par des banlieusards. Si on ne dispose que d’un véhicule pour 5000 ou 6000 habitants, cela ne peut pas fonctionner.

La disponibilité des véhicules

Là encore, se posait un problème densité. Très souvent, lorsque j’ai eu envie de prendre une Autolib, je me suis retrouvé face à un problème majeur: l’absence de véhicule à disposition. Si encore il y avait une option qui me permettait de savoir, comme pour les transports en commun, qu’un véhicule arriverait dans les 10 ou 15 minutes, e pourrais patienter. Mais quand aucun véhicule n’est disponible à proximité (cf. point précédent), et qu’il faut y aller, il faut bien se résoudre à prendre un taxi, sa voiture ou les transports en commun. Exit Autolib, une fois de plus.

L’état des véhicules

Avec le temps, la petite voiture futuriste a mal vieilli. Certes, les problèmes de propreté rencontré les premiers temps ont été résolus: il m’est arrivé de trouver le véhicule passablement sale, voire de trouver une Blue car souillée par le vomi d’un passager précédent… Mais dans l’ensemble, avec la mini-enquête sur l’état de propreté proposée à la prise du véhicule, ce type de problème est devenu moins fréquent.

Autre souci, la voiture n’a, me semble-t-il, pas beaucoup évolué. Elle a été conçue comme un véhicule, c’est à dire comme quelque chose dont l’état ne change pas depuis sa mise en service jusqu’à son retrait. Or elle aurait très bien pu être conçue comme … une plateforme, sur laquelle auraient pu se greffer d’autres services, via une mise à jour du logiciel: connexion Spotify ou Deezer par exemple, ou service de VOD pour le passager, ou GPS Waze, ou plein d’autres choses à imaginer. Rien. Nada. En terme d’innovation, on a eu droit aux batteries, un point c’est tout.

Le coût de fonctionnement

C’est peut-être ce qui pose le plus problème, après la baisse du taux d’usage. Les coûts fixes de fonctionnement sont, paraît-il, exorbitants. Je n’ai pas pu trouver l’information présentée de manière claire, mais c’est du coté du groupe Bolloré qu’il faudra probablement se tourner pour avoir de l’information. Coûts élevés, baisse de fréquentation, l’équation a pu devenir difficile à résoudre. Mais il y a un facteur qu’on a tendance à négliger…

La voiture, ennemi public numéro un à Paris

Hidalgo m’a tuer, pourrait-on écrire. Ces dernières années ont vu Paris devenir un territoire où la voiture est devenue un luxe. Tant pour se garer (mais là, Autolib aurait dû être une solution) que pour circuler bien évidemment. Or à quoi bon prendre une Autolib, si c’est pour passer une heure dans les embouteillages, si je peux faire le même trajet en deux fois moins de temps en métro? De même, si le trajet en voiture a tendance a se rallonger, le fait de devoir conduire plutôt qu’être conduit devient un inconvénient de plus en plus fort. C’est, pour moi, une des raisons fondamentales.

Que a devenir Autolib? Que vont devenir les bornes de recharge? Verra-t-on de nouveau ces zones se transformer en chantiers, comme cela fut le cas ces derniers mois pour la migration de Velib vers un nouveau format (ça mériterait un article, ça aussi)? Affaire à suivre.

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?