Union pour la Mediterranee: et pourquoi pas jusqu'a Vladivostok?
Ce dimanche sera lancé l’un des plus ambitieux projets politiques de la présidence Sarkozy, l"Union Pour la Méditerranée" ou UPM (quel est l’imbécile qui a choisi un tel sigle, si proche de celui de l’UMP? Bonjour les fautes de frappe…). L’idée de fédérer les efforts des pays se trouvant au nord et au sud, à l’est et à l’ouest de notre mer commune, "Mare Nostrum", n’est pas nouvelle. Je me souviens en avoir régulièrement entendu parler à l’époque d’X-Israel. Ceci étant, je reste stupéfait par la carte des pays qui participent aux conférences, telle que visible sur l’article suivant.
Très honnetement, je m’interroge sur le rôle que peuvent – ou doivent – jouer le Royaume-Uni, le Danemark, la Suède, les Pays Baltes et même l’Allemagne de Mme Merkel dans de tels débats. Les tenants d’une conférence Euro-Méditerranée prétendent que les pays du nord de l’Europe sont tout aussi concernés par les enjeux de ce cycle d’échanges, que ceux du sud. Voire, je m’interroge sur leur véritable motivation: ne s’agit-il pas plutôt d’empêcher la France de jouer "seule" – si tant est qu’elle le peut – face à une partie de son ancien empire colonial, et de redorer son blason en matière de politique étrangère? A ce titre, il faudra inviter le Maroc et la Mauritanie aux prochaines conférences entre les Pays Baltes…
Car quels sont les enjeux? J’en vois plusieurs: environnement, énergies, éducation, flux migratoires, échanges commerciaux, transports (à quand un TGV Rabat – Le Caire – Jerusalem – Damas?). La participation de la Syrie semble en avoir choqué plus d’un, n’oublions pas que ce pays possède un accès à la mer méditerranée, juste au-dessus du Liban (certains semblent découvrir que la mainmise de la Syrie au Liban n’est pas motivée par un tel accès…). Et ce n’est pas en le tenant exclu de tels échanges qu’on peut espérer faire avancer les choses au proche-orient.
En mançant une telle conférence, le président de la république rend à la France la place qu’elle aurait dû occuper depuis longtemps dans cette région. Espérons que la manière de gérer ces débats sera aussi habile que l’idée originelle.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Le projet apparait comme une continuation d’une initiative européenne (processus de Barcelone) de développement économique des pays du pourtour méditerranéen. Il semblait naturel (notamment à l’Allemagne) que ceux qui le financent y participent…
Si le processus de Barcelone n’a pas beaucoup avancé au cours de ses 10 premieres années, c’est aussi parce que certains des etats europeens n’ont pas pour preoccupation principale de faire avancer le sujet mediterranéen. Il vaut mieux se détacher de cette initiative et faire reposer les nouveaux projets sur ses veritables acteurs, plutot que sur ses financiers potentiels.
Certes, mais qui finance?
Qui finance? Les intéressés. La communauté européenne a été fondée par six pays exangues au lendemain de la guerre, sans financement américain (ou presque). Aux pays mediterranéens de sortir l’oseille.
Pas bête. Reprendre le modèle européen des origines correspondrait à mener à bien des projets communs. C’est un type de conduite du changement (à effet de levier!) qui ne coûte rien, peut rapporter beaucoup, et soude l’équipe (notamment entre pays arabes, qui ne se parlent pas bcp aujourd’hui).
Je ne suis pas sûr que le gouvernement soit parti sur cette idée…