Que pense Allah de l’Europe ?

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Certains l’ont oublié, mais le débat autour de la loi sur le port de signes religieux ostensibles avait provoqué un clivage profond de la société française, il y a un peu moins d’une vingtaine d’années. Paur à cette époque, le petit essai de Chahdortt Djavann, intitulé Que pense Allah de l’Europe, fait suite à un premier ouvrage de cette femme née en iran, et qui s’est toujours portée à la pointe du combat contre l’intégrisme religieux.

Le propos de ce livre d’une cinquantaine de pages à peine, c’est de faire comprendre que derrière les propos qui défendent le port du voile hors de chez soi, et notamment à l’école ou dans les lieux publics, se cache une stratégie fondamentaliste, visant à l’islamisation des esprits et des sociétés européennes. Chahdortt Djavann, pour cela, s’appuie sur le fait que le débat qui eut lieu en France était loin d’être le seul en Europe, et que dans de nombreux autres pays de l’Union, on pouvait observer des situations quasi identiques.

Pour appuyer son propos, elle prend appui sur son expérience personnelle, en Iran, là où 25 années plus tôt, les Mollahs avaient imposé leur régime, faisant du port de voile la pierre angulaire de leur stratégie de domination des esprits. Peu importe les conflits en cours, contre l’Irak notamment, le déclin économique ou la pauvreté ambiante, ce qui importait avant où, à leurs yeux, c’était la domination des femmes, par l’imposition de ce vêtement, et la mise sur pied d’une milice chargée du contrôle de cette directive.

Plus de quinze ans après la parution de ce livre, après l’apparition et la disparition de l’État Islamique, les dizaines d’attentat en Europe, on saisit mieux toute l’acuité de l’auteur. Sans dénigrer l’Islam, mais en démontrant la duplicité de certains propos, elle mettait les responsables politiques ou intellectuels face à leurs responsabilités, sans tomber dans les excès du front national ou d’autres responsables politiques actuels ou à venir.

Et s’il faut retenir deux aspects de ce livre, c’est d’abord son conseil de bien différencier le terme « communautarisme », utilisé à tort et à travers, du terme qui caractérise réellement la situation en cours, à savoir le « confessionnalisme ». Le second, c’est de rappeler que le terme « islamophobie » est d’abord apparu en Iran, au siècle dernier, pour porter l’anathème contre ceux qui s’opposaient à la révolution des Mollahs…

Bref, un livre à lire ou relire par les temps qui courent.

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