Manuel Valls va booster la vie politique européenne !

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La candidature de Manuel Valls à la mairie de Barcelone, alors qu’il est déjà député de l’Essone, et qu’il a derrière lui une déjà sérieuse carrière politique dans notre pays a de quoi surprendre. Mais après tout, pourquoi pas? Pourquoi un élu expérimenté dans un état de l’Union européenne n’irait pas tenter sa chance dans un autre état de l’union, puisque le droit européen le lui permet? Verra-t-on un jour l’univers politique européen connaître le même type de bouleversements que ceux produits par l’arrêt Bosman dans le football?

SPD Bundesparteitag Berlin, 10.-12. Dezember 2015, CityCube, Messe Berlin

Manuel Valls n’est pas un débutant en matière de politique. Ancien ministre de l’intérieur, premier ministre, ancien maire d’Evry, député de l’Essone, il a fréquenté l’univers politique français depuis plus de trente ans. Sans être aussi brillant qu’un François Mitterrand ou aussi opportuniste qu’un François Hollande, il possède déjà un sacré « track record », comme on dit dans certains milieux. Alors pourquoi tenter sa chance ailleurs?

Probablement fait-il le constat que l’élection d’Emmanuel Macron et l’irruption de La République en Marche lui a fermé les portes des plus hautes responsabilités pour un bon moment. Pour les cinq, voire les dix prochaines années, il n’a plus rien à espérer en France. Le Parti socialiste est en lambeaux, et reconstituer un parti à partir de rien – à la manière de Macron en 2016 – n’est pas envisageable pour le moment. Porter sa candidature dans un autre état de l’Union européenne est donc un plan B acceptable, même s’il a de quoi surprendre… Comment un élu français peut-il poser sa candidature en Espagne?

C’est grâce au traité de Maastricht, qui élabore une notion de « citoyen de l’Union européenne ». Comme le rappelle l’article sur ce traité sur Wikipedia, « …tout citoyen de l’Union résidant dans un État membre dont il n’est pas ressortissant a le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales dans l’État membre où il réside, dans les mêmes conditions que les ressortissants de cet État ». Encore faut-il que l’État en question le permette. C’est le cas en Espagne, ça ne l’est pas (encore ?) en France.


Grâce à Maastricht, nos élus peuvent enfin voir du pays !

Ainsi, tout comme Arsenal s’est doté d’un très sympathique entraîneur français pendant deux décennies, tout comme l’élite du football français évolue librement un peu partout en Europe pour le bonheur des grands clubs anglais, espagnols, italiens et allemands, pourra-t-on un jour voir la fine fleur de notre système politique essaimer un peu partout en Europe. Il faut donc remercier Manuel Valls d’avoir montré la voie à suivre à tous ses collègues.

Quelles raisons pourraient pousser un élu français à aller tenter sa chance ailleurs? On peut en proposer plusieurs.

  1. Le climat local: Evry est une ville de banlieue qui connaît un ensoleillement moyen bien moins important que Barcelone. On peut estimer qu’après la prochaine (espérons-le) victoire de notre champion national, des vocations écloront dans le Pas de Calais (et à Hénin-Baumont notamment).
  2. Le salaire, mais ce serait hasardeux. On imagine que nos élus sont plutôt mal payés, mais ce n’est pas vraiment le cas. Le salaire moyen du maire d’une municipalité de plus de 100 000 habitants dépasse à peine les 5500 euros mensuels. Par comparaison, les salaires des maires britanniques sont à peu près du même niveau, mais en livre-sterling, soit légèrement plus élevé. Les maires allemands sont bien mieux lotis, mais par les temps qui courent, et face à des défis migratoires majeurs, le poste est bien plus délicat à tenir.
  3. Les performances sportives: là il n’y a pas photo, malgré les exploits de l’équipe de France de football, les meilleurs clubs des principales villes françaises n’arriveraient pas à se maintenir en première division dans un championnat étranger. En s’exportant à Barcelone, Manuel Valls s’assure probablement une demi-finale de champion’s league par an, là où Evry pouvait lui fournir un 8ème de finale de Coupe de la ligue tous les dix ans…

    Avouons-le, c’est quand même mieux que le FC Evry

  4. La politique locale: le marigot politique français fait peine à voir. A force de fréquenter des ministres qui claquent la porte quand leurs chefs sont à l’étranger, des ministres qui font preuve de phobie fiscale, des chefs de parti qui se font offrir des costumes qu’ils ne paient pas, et des élus qui emploient leurs enfants de manière fictive, avouons-le, les meilleurs de nos représentants ne peuvent guère envisager une émulation à la hauteur de leur talent. En allant se frotter à des cadors comme Boris Johnson ou Jeremy Corbyn, Carles Puigdemont ou Giuliano Pisapia (je suis sûr que vous ne savez pas de qui il s’agit), nos politiciens les plus brillants s’offrent un bol d’air frais.

Toutefois, la maîtrise de la langue semble un impératif auquel les candidats à une élection locale à l’étranger devront faire face. Dans le cas de Manuel Valls, le problème ne se pose pas: né au sein d’une famille hispanophone, notre ancien premier ministre se débrouille fort bien dans la langue de Cervantes (il lui faudra toutefois veiller à parfaire sa maîtrise du Catalan, on ne sait jamais ce qui pourrait se passer…). Mais pour nos autres hommes et femmes politique, le défi pourrait s’avérer bien plus audacieux. Celles et ceux qui ont un peu voyagé le savent, nos compatriotes sont parmi les plus mauvais locuteurs dès lors qu’il s’agit de s’exprimer dans une langue qui n’est pas le français…

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