Marchais de Nupes

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Si Emmanuel Macron a réussi à faire exploser le clivage gauche-droite, reconnaissons à Jean-Luc Mélenchon un talent non moindre : celui de faire exploser le clivage gauche-gauche. Avec lui, il n’y a pas deux, trois ou quatre gauches, mais une seule, et derrière lui s’il vous plaît. Oubliez le PS, le PC, les radicaux, les verts, les éléphants, les motions, les tendances. Avec Méluche, plus besoin de s’embarrasser de nuances, un seul parti suffit : appelez cela la Nupes, et vous y êtes.

Dès lors, en demandant à ce que les voix des candidats de la Nupes soient comptabilisées au nom de celle-ci et non des différents partis auxquels appartiennent les candidats, Mélenchon opère ni plus ni moins une OPA inamicale sur les restes encore chauds des anciens partis de gauche. Certes, ces derniers ne sont pas au meilleur de leur forme, loin de là. Mais une somme de résidus peut très bien constituer une base sur laquelle se propulser au pinacle.

J’avais déjà évoqué, il y a quelques jours, le coup de maître que le chef des insoumis avait réalisé, avec ses affiches appelant les électeurs de gauche à faire de lui le prochain premier ministre. Premier ministre, le deviendra-t-il ? Je n’y crois pas trop. Mais premier emmerdeur de France, c’est tout à fait possible. Il est d’ailleurs étonnant de voir comment les autres partis, enfin ce qui reste des autres partis, à droite et à la droite de la droite, sont restés passifs devant une telle manoeuvre. Ne pouvant l’imiter, ils l’ont laissé occuper le terrain… Marine le Pen semble ne pas encore être sortie de sa torpeur post-électorale, et les LR, avec le Pécressethon, se sont trouvés un os à ronger, au lieu de se préoccuper de la suite.

Ce que fait Mélenchon est étonnant. On peut, comme moi, n’apprécier ni le bonhomme ni ses idées. Mais il faut lui reconnaître un certain talent. J’en arrive parfois à me demander si, tout comme Mitterrand avait permis à Jean-Marie Le Pen de briller, Mélenchon ne doit pas une fière chandelle à Emmanuel Macron.

Où cela nous mènera-t-il ? Je n’en sais rien. Je me souviens que du temps de Georges Marchais ou de François Mitterrand, les partis ne cherchaient pas à se manger l’un l’autre, mais à marquer leurs différences. On existait en s’opposant. Avec Mélenchon, tout comme avec Macron, on est dans la fusion.

Mélenchon, ou le en même-temps de gauche ?

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