Liberté, égalité, nationalité
C’est marrant, à 5 ans d’intervalle, l’élection présidentielle m’amène sur le même territoire de réflexion. Qu’est ce qui caractérise le premier tour qui vient de se dérouler sous nos yeux ? Comme en 2017, la fracture de la société française, en trois blocs distincts :un bloc de gauche, un bloc centre-droit, un bloc d’extrême droite. Ils tournent à peu près à égalité, représentant chacun un tiers de l’électorat.
Mais si en 2017 j’avais appelé mon article « Liberté, égalité, fraternité » au nom des valeurs ou négligées par chaque bloc, j’en viens cette année à une autre manière de caractériser ce duel à trois : liberté, égalité, nationalité. Car chaque bloc prône une valeur, au détriment des deux autres.
Liberté
C’est la valeur suprême du centre-droit, ce bloc incarné par Macron. Liberté d’entreprendre, de s’exprimer, de légiférer, de réformer. Il est étonnant que ce président là ait été harangué sur la réduction des libertés au nom de la protection du système de santé. Le bloc centre-droit est, au contraire, partisan d’un maximum de libertés. Il n’en a que faire de l’égalité, réductrice à ses yeux. Et encore moins de la nationalité, lui qui appelle de ses voeux à une Europe de plus en plus souveraine.
Égalité
C’est la valeur suprême du bloc de gauche, qui n’en a que faire des libertés, individuelles ou collectives, et encore moins de la nationalité. Ce qui compte, pour Jean-Luc Mélenchon et consorts, c’est l’égalité : égalité des chances, des parcours, des salaires, des âges de départ à la retraite. Ils sont prêts à restreindre les libertés au nom de cette égalité, quoiqu’il en coûte, même si cela se fait au détriment de la performance collective.
Nationalité
C’est bien entendu la valeur suprême du bloc d’extrême-droite, incarné par Le Pen ou Zemmour. L’égalité n’a pas de sens à leurs yeux, et la liberté est une valeur dont ils se passent fort bien, si cela vient entraver l’essor d’un système basé sur la nationalité, de l’appartenance au groupe.
Liberté égalité, nationalité, voici la nouvelle signature de la société France.
Mettez une croix sur la Fraternité.
Elle ne reviendra qu’en temps de guerre.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
En étant très optimiste, on peut croire que la Fraternité sera remise à l’honneur par nos candidats de la nouvelle Union de la Gauche…
La Fraternité Insoumise ?
Tout faux de A a Z. Exemple : associer Macron au mot liberté. Non seulement notre pays n-‘ a plus rien d’un Etat de droit ni d’une démocratie mais notre dictateur en herbe est en train de détruire toute forme d’opposition politique (systématiquement diabolisée et même les intellectuels n’y échappent pas). Il a tellement intensifié le contrôle des médias par l’État qu’il n’est même plus possible de parler de liberté d’informer en France. A titre d’illustration pendant le simulacre de campagne présidentielle de 2022 des journalistes trop peu favorables au pouvoir ont subi des pressions et menaces (chantage au licenciement etc).
Bien à vous
Merci Luc. Si Macron vous pose problème quant à l’usage de vos libertés, je vous invite à aller passer un séjour de longue durée à Moscou, Pekin ou Teheran. Vous verrez qu’avec un peu de recul, on finit toujours par trouver quelques circonstances atténuantes aux mode de fonctionnement de notre perfectible, mais splendide, démocratie.
Fun fact : des Français tout à fait sains d’esprit vivent en Russie et ne regrettent pas du tout la France. Anecdote frappante et authentique : des jeunes femmes françaises ayant fait assez récemment leurs études à Moscou et à qui l’on demandait la différence avec la France qui les avait le plus marquées ont répondu : « La Sécurité. » La liberté de pouvoir se promener dans la rue sans avoir peur d’être agressées. Quant à l’Iran, à la Tchétchénie ou au Pakistan, je connais des endroits en France, en Belgique et en Grande Bretagne qui y ressemblent à s’y méprendre.
Pour ce qui est de la liberté d’expression dans notre formidable monde libre contemporain il faudra par exemple demander à Julian Assange et à Edward Snowden ce qu’ils en pensent…
Bien à vous.
Assange et Snowden ont la chance d’être nés dans des démocraties. Nés en Russie, en Iran ou en Syrie, leur vie aurait sans nul doute été plus courte… Quant à la douceur de vivre en Russie, à chacun ses goûts. Nous parlions, je crois, de liberté d’expression, et non de douceur de vivre… Notre pays a quelques défauts bien réels, inutile d’en rajouter certains imaginaires, et de nier l’existence d’une vraie vie démocratique.
Des mensonges répétés tous les jours ne deviennent pas pour autant des vérités.
Bien cordialement