Les groupes de niveau, de la théorie à la pratique…

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Relancés par Gabriel Attal lors de son rapide mais intense passage au ministère de l’éducation nationale, les « groupes de niveau » semblent susciter une opposition tenace de la part de syndicats qui en contestent non seulement l’intérêt, mais vont jusqu’à prétendre qu’ils vont à l’encontre de leurs « valeurs ». Fichtre, rien que ça ! Mais de quelles valeurs parle-t-on réellement ? Et pourquoi une telle volonté de blocage ?

Les groupes de niveau, c’est quoi ?

L’idée sous-jacente aux groupes de niveau, c’est qu’il arrive assez souvent que, dans une classe, on se trouve en présence d’élèves de niveaux très hétérogènes. Quand il ne s’agit que d’un seul élève plus brillant que le reste de la classe, on peut lui suggérer de sauter une classe pour éviter qu’il ne s’ennuie en classe. Mais quand il s’agit d’un groupe d’élèves, c’est plus difficile. Et dans le cas inverse, quand un élève n’a pas le niveau de connaissances requis, proposer un redoublement est devenu de plus en plus difficile. Il arrive donc que, dans une matière donnée, on trouve des élèves n’ayant absolument pas les mêmes acquis.

Dès lors, comment enseigner les mêmes notions, quand il faudra passer peut-être le double ou le triple d’heures avec les élèves à la traîne ? Si l’enseignant choisit de s’adapter au rythme d’apprentissage des meilleurs, il risque de larguer une partie de la classe. Et s’il s’adapte au groupe le plus faible, il risque de ne pas finir le programme et de porter préjudice aux meilleurs.

C’est là que les groupes de niveau présentent leur intérêt. En séparant la classe en deux voire trois groupes, on peut adapter le rythme de l’enseignement. Mieux, en réduisant l’effectif de la classe pour se focaliser sur un petit groupe d’élèves plus faibles, l’enseignant peut passer plus de temps avec chacun de ces élèves faibles, ce qui peut les aider à progresser plus rapidement.

Des valeurs, quelles valeurs ?

A priori, on à le sentiment que cette démarche qui permet d’adapter les effectifs au niveau des élèves ne présente que du bon. Oui mais voilà, on est en France, et en France, on aime bien râler pour le plaisir de râler. Ici, en l’occurence, syndicats d’enseignants et de chefs d’établissement s’opposent aux propositions de réforme sur la base de plusieurs arguments. Le premier touche aux effectifs. Plus de groupes, c’est plus d’heures d’enseignement, donc une durée de travail accrue. Ça fait tiquer. Il faut donc ouvrir de nouveaux postes. Gabriel Attal a trouvé la parade, en supprimant le projet de suppression de postes.

Le second argument touche à l’hétérogénéité. En gros, ces syndicats prétendent que si on regroupe les élèves plus faibles entre eux, ils progresseront moins vite que si on les met avec des élèves plus forts. J’ai personnellement de gros doutes, même de très gros doutes, sur la pertinence de cet argument. J’ai toujours eu l’impression que les élèves les plus faibles se retrouvaient rapidement largués dès qu’on accélère la cadence, et que seuls les meilleurs arrivent alors à suivre.

Le dernier touche aux valeurs. Le gros mot est lâché : si cela touche aux valeurs, c’est donc interdit. Oui nais de quelle valeur parle-t-on ? D’égalité probablement. Égalité de chance, égalité de traitement, égalité d’accès à l’éducation. C’est là où, me semble-t-il, l’argument est le plus pernicieux. En quoi mettre en place des groupes de niveau réduit-il l’accès à l’éducation ? Au contraire, l’accès est non seulement maintenu, mais renforcé, puisque ce faisant, on s’attache à ce que les élèves les plus faibles, donc probablement – selon le mantra des syndicats – ceux issus des milieux les plus défavorisés, bénéficient d’un enseignement adapté, avec de plus petits effectifs.

L’éducation nationale, ce havre de modernité

Cette tendance à vouloir mettre tout dans le même panier, au nom de la sacro-sainte égalité, semble aveugler les dirigeants des syndicats. Pour se faire une idée des groupes de niveau, peut-être devraient-ils s’intéresser à d’autres formes d’apprentissage, comme le sport ou la musique. Dans ces domaines, les groupes de niveau sont non seulement autorisés, mais nécessaires. C’est même la base de l’apprentissage. Mettre les meilleurs avec les plus mauvais, c’est provoquer l’ennui chez les premiers, et la démotivation chez les seconds.

S’opposer aux groupes de niveau, c’est finalement se faire l’apôtre d’une religion dont la pratique est de plus en plus répandue en France : le nivellement par le bas.

Allez vous plaindre, par la suite, de la chute de la France dans les classements internationaux comme PISA…

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