Arrêtez de serrer les dents !

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Voici un livre étrange, sur un thème original: les liens entre le fait de serrer les dents … et une multitude de maux qui vont des migraines à la fibromyalgie, en passant par les acouphènes et les irritations du colon. Pour Francis Hartmann, c’est en effet à des problèmes de mâchoires trop serrées qu’il faut imputer de nombreuses douleurs pour lesquelles que les médecins n’arrivent pas toujours à traiter. Très intéressé de prime abord, je ressors pourtant de cette lecture avec un avis mitigé.


dents et mal de dosL’hypothèse de base du Pr Hartmann, professeur à la faculté d’odontologie de Marseille de 1975 à 1996, c’est la double innervation sensitive de la dent, une innervation à la fois tactile et douloureuse. Mais en cela, la dent diffère-t-elle de la main ou du pied?

Francis Hartmann poursuit son exposé, abondamment illustré, en expliquant que l’univers de la médecine, tout du moins en France, ne s’est intéressé qu’à l’aspect douloureux, laissant de côté tout ce qui pourrait être induit par un dysfonctionnement qui trouverait son origine, apr exemple, dans un mauvais alignement des dents, dans une occlusion mal réglée ou tout autre déformation des mandibules. Dès lors, selon lui, les messages d’alertes émis par la dent diffuseraient vers d’autres zones fonctionnelles du cerveau, zones dont la proximité expliquerait la diffusion d’un message douloureux en des zones paradoxalement fort éloignées de la dent.

S’ensuit une succession de patients et de patientes rencontrés par le Pr Hartmann, et dont les maux ont tous été examinés selon une approche qu’il qualifie de DTM – dysfonctions temporo-mandibulaires. J’avoue être resté perplexe: mon niveau de connaissance en physiologie et en médecine avoisine le zero absolu, et l’exposé scientifique m’a laissé de marbre. La succession des cas traités ne pas non plus passionné.

Alors pourquoi en parler ici? Pour une raison simple. J’ai toujours pensé que l’innovation réside dans la confrontation – ou la mise en relation – de domaines a priori éloignés. Les soins dentaires ont largement évolué ces trente dernières années, avec l’apparition de techniques comme les implants ou le perfectionnement d’anciennes approches, comme les bridges ou les couronnes. Mais je n’avais encore jamais entendu parler de troubles autres que dentaires traités par des dentistes: l’intérêt de l’ouvrage du pr Hartmann, c’est d’aiguiser la curiosité de dentistes qui, au contact de milliers de patients, pourraient fort bien, s’ils ont connaissance de son approche, faire évoluer le traitement des pathologies évoquées, et conforter les hypothèses de ce livre, par une approche statistique qui irait au-delà des centaines de cas rencontrés par le pr Hartmann.

S’il y a donc des dentistes intéressés parmi mes lecteurs, je me ferai un plaisir de les mettre en relation avec l’auteur, que j’ai rencontré lors du dernier salon du livre sur le stand des éditions Kawa, et qui, passionné par son sujet, ne demande rien d’autres qu’un peu d’intérêt de la part de jeunes praticiens. A bon entendeur…

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