14-0 : Ô temps, suspends ton vol…

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Au football, comme avec d’autres sports collectifs, jouer contre une équipe plus faible, c’est en général l’assurance de faire un gros score. Et quand, de surcroît, l’équipe adverse joue à dix suite à l’expulsion d’un joueur en début de partie, l’addition a de forte chance d’être encore plus salée. Nous en avons eu l’illustration samedi soir, lors du match qui opposait l’équipe de France à celle de Gibraltar, dont j’ignorais même l’existence…

Hasard du calendrier, cet événement correspondait à un jour près au trentième anniversaire du match qui vit l’élimination de l’équipe de France, lors des matches de qualification pour la coupe du monde 1994, qui se déroula aux Etats-Unis. Je doute que les joueurs actuels, qui n’étaient même pas encore nés, se souviennent de ce but catastrophique marqué par l’équipe bulgare à la dernière minute du match. La défaite, au Parc des Princes, consécutive à une autre défaite face à Israel, avait sonné le glas de toute une génération de joueurs, permettant ainsi l’éclosion d’un nouveau groupe qui remporterait la victoire en coupe du monde, un peu plus de quatre ans plus tard…

Mais revenons au match contre Gibraltar. Quatorze buts – et même un quinzième qui fut refusé – en un seul match, sept par mi-temps, voici un score dont on se souviendra longtemps. Tout comme du somptueux dernier but marqué par Kilyan Mbappe, d’un tir lointain, venant lober le gardien de l’équipe adverse. Il me rappelle un but que j’avais marqué à l’époque où je jouais avec les collègues de Dassault Systèmes, sur le terrain de Dassault Aviation, un tir de quarante mètres sur un terrain gelé, qui était parti se loger dans la même lucarne que celle visée par le capitaine des bleus.

Des buts comme celui-là, on ne les oublie pas, car ils illustrent une expression dont on a du mal à se représenter la réalité : le temps suspendu. Un tir puissant, au foot, va atteindre une vitesse de l’ordre de 80 à 90 km/h. Sur une distance de quarante mètres, c’est près d’une seconde et demi de vol, du coup de pied jusqu’aux cages. Une éternité, par rapport à la fraction de seconde qui s’écoule sur un but traditionnel, marqué depuis un. tir à quatre ou cinq mètres.

Qui a dit que le football était exempt de poésie ?

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