Yves Coppens

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Avec Yves Coppens disparaît une grande figure scientifique française. Paléontologue, il a enseigné au Collège de France, dirigé le Musée de l’homme, et représentait peut-être la part d’Indiana Jones à la française qui réside dans le coeur de nos compatriotes. Écrivain prolixe, il savait intéresser le grand public, vulgariser, comme on dit aujourd’hui. Et ce public le lui rendait bien, qui attachait son nom à la découverte de Lucy, celle qui fut, un temps, considérée comme la grand-mère de l’humanité (autrement dit le squelette le plus ancien, pour les journalistes).

Sauf que Yves Coppens n’était pas le seul à avoir découvert Lucy, et qu’il le reconnaissait bien volontiers, comme dans l’interview qu’il a récemment donnée pour la formidable série « Je ne serais pas arrivé là… » publiée presque tous les samedis après-midi dans Le Monde. Ils étaient trois, le paléontologue américain Donald Johanson, et le géologue Maurice Taieb, récemment disparu, à avoir exhumé les quelques dizaines d’os qui constituent Lucy. C’est même Maurice Taieb qui avait poussé ses collègues à l’accompagner, et à explorer un territoire qui n’intéressait personne à l’époque, l’Afar.

Non, ceci n’est pas un jeu d’osselets géant. Ceci est ta grand-mère

Maurice Taieb, parti sans la reconnaissance du grand public, mais ayant pourtant eu un rôle fondamental, est l’un des personnages étonnants que j’ai découvert dans ce formidable voyage d’exploration des juifs de Tunisie. Tout comme l’astronome Felix Chemla, qui a donné son nom, ou plutôt son surnom, à un cratère lunaire, le cratère « Lamèch ».

Je sais, c’est dur de croire qu’un Tune a donné son nom à un cratère lunaire.
Mais ce n’est pas une blague ! Cliquez sur l’image pour le vérifier !

Yves Coppens était conscient de l’image qu’il véhiculait, de vulgarisateur en chef de son domaine d’expertise. Il en jouait, et l’évoque dans l’interview citée plus haut : « Pour les volcans, c’était Tazieff (1914-1998), pour les océans, c’était Cousteau (1910-1997). Pour les premiers humains, c’était moi. » Les américains savent apprécier ce type de rôle, bien plus que nous autres, français, qui estimons, à tort, que le succès scientifique se suffit à lui-même. Non, le rôle des scientifiques ne s’arrête pas à faire de la science, il va au-delà, jusqu’à déclencher et susciter des carrières, des envies. Donner envie d’avoir envie, comme dans la chanson de Johnny, c’est le plu sbeau des métiers.

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