Tous unis contre l’antisémitisme ?

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Ce fut une belle manifestation. Une manifestation digne, une marche des Invalides au Sénat, en passant devant l’Assemblée Nationale. Une marche que les présidents des deux chambres, Yael Braun-Pivet et Gérard Larcher, avaient appelée de leurs voeux, pour montrer que la vague d’actes antisémites en France depuis quelques semaines – plus d’un millier en un mois – ne concerne pas que les juifs de France, mais tous les français, quelle que soit leur confession.

La préfecture de police a annoncé 105 000 participants, soit. Peut-être plus, peut-être moins, peu importe. Pour moi, l’essentiel, c’était de constater que la mobilisation fut massive, et que sur ces grandes avenues, on ne trouvait pas uniquement des français de religion juive, mais également des compatriotes de toute obédience, même si hélas j’ai au final croisé peu de personnes issues de l’immigration d’Afrique du nord…

Un manifestant m’a particulièrement touché : un vieux monsieur, qui se dirigeait vers les Invalides depuis le pont de l’Alma, et avec qui j’ai pu échangé quelques mots. Né en Iran, il a quitté son pays il y a un peu plus de quarante ans, et est venu manifester cet après-midi parce qu’il a pu, lui, dans sa jeunesse, constater de ses propres yeux, la cruauté des ayatollahs et de leurs sbires.

Le Pen in, Mélenchon out

Marine le Pen a réussi son coup de pub. En prenant la parole très tôt à l’annonce de cette manifestation, en appelant son parti, le RN, à participer à cette marche. Voir le parti issu du Front national, FN créé il y a plus d’un siècle par un ancien nazi, participer à une marche contre l’antisémitisme, cela avait une saveur particulière…

Mélenchon, en refusant de défiler en raison de la présence du RN, a tout faux. Car ce qu’on retiendra avant tout, c’est qu’il a refusé de défiler contre l’antisémitisme. Et de cela, les juifs de France s’en souviendront. Les députés LFI ont eu beau gesticuler depuis deux ou trois jours, cela ne change rien, la NUPES est morte et une bonne partie de la gauche s’est décrédibilisée en quelques semaines

Les limites du en-même-temps

Mais le grand absent de cette manifestation contre l’antisémitisme, c’est le président de la République, Emmanuel Macron lui-même. Il n’avait qu’à traverser la rue – pardon, la Seine – pour montrer un peu d’empathie, il n’a pas daigné sortir de son château. Pire, dans une interview livrée il y a deux jours à la BBC, il a pris une posture de donneur de leçons qui est restée en travers de la gorge des dirigeants israéliens, au points qu’aussi bien le président israélien Herzog, le premier ministre et le ministre de la défense, sont montés au créneau. Même un humoriste local, d’origine franco-tunisienne, s’est fendu d’un commentaire grinçant.

Et après ?

Alors, retour à la normale ? Pas si sûr. Demain, les images de l’offensive israélienne.à Gaza occuperont de nouveau les écrans. La haine des israéliens, et par extension celle des juifs, de France et d’ailleurs, risque bien de retrouver son niveau précédent.

Alors fiasco ?

Non, intermède.

Mais il faisait du bien.

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