Le poids des mots, le choc des videos

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Tout le monde, ou presque, connaît le slogan de Paris-Match : « le poids des mots, le choc des photos ». Quelle formule ! J’aurais aimé être le génie de la communication qui a pondu ce slogan. Il résume, en huit mots, le pouvoir pris par les médias pendant les 50 dernières années.

Pourtant, depuis 7 octobre, cette formule a pris un sacré coup de vieux.

Désormais, c’est bien du poids des mots et du choc des vidéos qu’il faut parler.

Le poids des mots

Les totalitarismes du 20e siècle ont montré jusqu’au pouvait aller le détournement des termes et du vocabulaire, par ceux qui veulent les mettre au service de leur propagande. Aldous Huxley l’avait parfaitement mis en exergue dans le meilleur du monde. Le Hamas, et une grande partie des mouvements de gauche; nous en donnent désormais une nouvelle démonstration.

Entre leurs mains, le terme résistance ne décrit plus un mouvement noble destiné à affranchir une population opprimée par un pouvoir étranger, mais toute action militaire destinée à supprimer celui qu’on considère son ennemi. L’apartheid ne décrit plus un régime raciste et ségrégationniste, mais une démocratie multiculturelle. Un hôpital n’est plus seulement un lieu où on soigne des malades, mais un endroit où un mouvement terroriste peut stocker ses armes ou détenir des otages. Et ainsi de suite…

Quand le mensonge devient la norme, quand la propagande est travestie en média d’information, quand la dictature la plus sanglante se justifie au nom de causes totalement arbitraires, on peut se demander si les habitants de pays démocrates qui répercutent ces propos jouent vraiment leur rôle, ou acceptent, consciemment ou non, de trahir leurs idéaux. De Jean-Luc Mélenchon à Aymeric Caron, d’AJ+ au Monde, nos écrans de télévision, nos journaux, reprennent quotidiennement le discours du Hamas.

Sans même le remettre en cause.

Sans en discuter la cohérence.

En oubliant tout ce qu’on a pu leur enseigner, à l’école ou à l’université.

En rejetant tout ce que la vie et l’expérience du terrain ont pu leur apporter.

En renonçant tout simplement à l’intelligence.

Le choc des vidéos

S’il n’y avait que cela… cela nous aurait suffi, n’est-ce pas.

Mais il y a pire. Depuis le 7 octobre, le pouvoir de la vidéo a supplanté celui de l’image. En la matière, les terroristes du 7 octobre ont repris un mode opératoire dont on a pu observer la perversité sur le territoire national, en 2012, lorsque Mohamed Merah avait assassiné de sang froid un adulte et trois enfants dans une école juive à Toulouse, en filmant ses méfaits.

Merah n’était probablement l’inventeur de ce mode opératoire. La scénographie des mises à mort, par Daesh et d’autres groupes terroristes qui sévirent au début du siècle dans ce qu’on appelait jadis la Mésopotamie relève de la même attitude. Les terroristes du 20e siècle ne disposaient pas d’un tel pouvoir de nuisance.

Désormais, les exactions, les massacres, sont enregistrés puis diffusés, en direct ou après montage, sur les milliards de chaînes gratuites qu’offrent les réseaux sociaux, amplifiant ainsi le pouvoir de nuisance de ces sadiques.

Mais tout comme l’image, la vidéo peut être interprétée, discutée, challengée. Celles diffusées par les médias qui soutiennent le Hamas sont reprises en choeur par des comptes qui banalisent le mal, et travestissent la réalité au quotidien, en reprenant des images de massacres ou d’exactions réalisées sur d’autres terrains de guerre. Comme tout message totalitaire, il ne souffre aucune remise en cause.

À l’inverse, celles diffusées par les chaînes israéliennes, sont constamment dénigrées, qualifiées de propagande – le mot à la mode, de nos jours, c’est la hasbara – alors qu’elles ont avant tout pour but d’apporter un témoignage qualifié et quantifié.

Totalitarisme vs. démocratie

L’enjeu de cette guerre, qui dure depuis près d’un mois et demi maintenant, est bien plus grand qu’on ne l’imagine. Là où certains voient un conflit religieux, là où d’autres perçoivent plutôt un conflit territorial, il faut plutôt voir le choc non pas de civilisations, mais de régime politique.

Le totalitarisme, dans sa forme la plus violente, contre démocratie, dans son format le plus friable.

Peu de dirigeants en ont saisi le sens. Les propos d’Emmanuel Macron, ces derniers jours, doivent être appréciés dans le cadre de cette opposition entre deux modes de vie.

Quand les représentants des partis de gauche, un peu partout dans le monde, appel à un cessez-le-feu qu ipermettra au Hamas, un peu comme Voldemor, de reconstituer ses forces, il n’y a rien d’autre que l’expression incroyable d’un déni de démocratie pour les palestiniens.

Effrayant.

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