Pourquoi Le Monde déteste-t-il autant Israel ?

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J’entretiens une relation sado-maso avec un quotidien national : Le Monde. Et comme toutes les relations sado-maso, elle tient sur des liens forgés durant l’enfance. Mon père l’achetait tous les soirs, et j’ai commencé à le lire à une époque où mes copains de classe avait plus l’habitude de traîner en boîte que de lire un quotidien. Je garde de cette époque le souvenir d’un journal austère, à la ligne éditoriale ambitieuse, et dont les seuls écarts résidaient sur une page où l’on pouvait trouver la météo (pas celle du jour, mais du lendemain) et un problème d’échecs…

De quand date la détestation d’Israel par Le Monde ?

Depuis cette époque lointaine, j’ai conservé une posture pleine de respect envers ce journal. Après tout, on ne revendique pas une ascendance du côté de Beuve-Méry sans raison. Et c’est ainsi que je me suis mis, moi aussi, à acheter le Monde, alors que mon père prenait déjà ses distances avec ce journal de gauche alors encore modérée, à la ligne éditoriale un peu prétentieuse, et plein de mépris envers un pays qui m’est cher, Israel.

Je ne saurais mettre une date sur cette détestation d’Israel qui suinte à peu près à chaque article du Monde. Peut-être remonte-t-elle à la guerre de Kippour, ou à celle des Six Jours ? Je ne saurais le dire. En tout cas, j’en ai pris conscience au début des années 2002, et je me souviens fort bien de quelques éditos, durant la seconde intifada, qui m’avaient faire bondir. Les correspondants permanents du Monde dans la région avaient tout simplement du mal à défendre Israel dans sa réponse musclée face à la vague de terrorisme des années 2000-2004. Israel était l’état « colonisateur » à leurs yeux, et cela passait avant la terreur aveugle, orchestrée par l’OLP et le Hamas dans ces années là.

Pour moi, ce fut une période charnière, alors que je travaillais entre la France et Israel, passant une semaine sur deux entre Tel-Aviv et Kfar-Saba, à une époque où un terroriste se faisait sauter dans un lieu public tous les deux jours en moyenne. Je pris conscience que quelque chose clochait dans la relation que ce journal entretenait avec cet état. Entendez-moi bien, on peut être critique envers Israel ou son gouvernement, et bon nombre d’israéliens hurleraient bien haut, si on leur enlevait le droit de râler sur leurs classes politiques. Mais si la critique est parfois saine, la critique systématique, elle, relève de la pathologie. Et quand un état, démocratique de surcroit, fait face à une vague terroriste d’une telle ampleur, la frontière est mince entre la critique et le parti pris. Bref, ces journalistes m’ont appris à me méfier du Monde, ce qui constituait déjà une belle entaille dans le contrat émotionnel qui me liait à ce quotidiein.

Pourtant, le temps fit son travail, et je revenais régulièrement à ce journal. Les épisodes sanglants de 2006, 2009 et 2014, où Israel se retrouva de nouveau en guerre avec ses voisins, au Liban ou à Gaza, pour mettre fin à des déluges de roquettes, venaient régulièrement jeter un trouble dans ma relation sado-maso, mais je revenais inlassablement au Monde et à ses sudoku quotidiens, qui avaient remplacé les problèmes d’échec et les anacroisés… Je finis même par m’abonner à plusieurs reprises, non sans râler sur les aléas de livraison, ou la ligne éditoriale que je trouvais prendre une curieuse tournure.

Et puis arriva le jour terrible, le 7 octobre 2023.

La solitude d’Israel et des juifs …

D’un naturel optimiste, je me disais, malgré la détresse et la désolation dans lesquelles était plongé l’état d’Israel, que Le Monde saisirait alors la dimension tragique de cet événement, qu’Israel ne cherchait qu’une chose, la sécurité dans un territoire constamment menacé, et que la réponse qui allait immanquablement arriver était justifiée par la gravité des actes commis. J’étais bien naïf. Et j;ai très vite déchanté.

Emmené par une équipe de reporters qui prirent les communiqués de presse du Hamas pour une excellente source journalistique, Le Monde a basculé dans une ligne éditoriale basée sur un dénigrement systématique d’Israel. ce journal, dont je persistais bêtement à croire qu’il pouvait faire preuve d’impartialité, est devenu un organe certes plus mesuré que AJ+ ou Rima Hassan, de propagande du Hamas, reprenant jour après jour le décompte macabre communiqué par cette organisation terroriste, sans remettre en cause à un seul moment la méthodologie de ce décompte – à sa décharge, Le Monde n’est pas le seul média à procéder ainsi.

J’ai donc, pendant près de 6 mois, accepté de ronger mon frein et de me faire des noeuds à l’estomac, en lisant la prose ignoble des journalistes qui opéraient ainsi leur lente procédure de dénigrement contre Israel, allant jusqu’à reprendre les antiennes favorites des pires mouvements terroristes palestiniens, et le répertoire indigne de la propagande du Hamas. Sous la plume de ces prétendus journalistes du Monde, Israel serait devenu génocidaire, et l’entreprise de destruction des palestiniens durerait depuis 75 ans, autrement dit, on remet en cause la création même de l’état d’Israel…

C’est peu dire que j’ai rongé mon frein. J’entends encore les critiques de mes proches me reprochant d’acheter encore ce torchon. J’avais beau essayer de défendre mon quotidien favori, en mettant en évidence d’autres articles, dans d’autres rubriques, comme la très étoffée rubrique nécrologique, ou les excellents articles de la rubrique cinéma. Rien n’y faisait.

Journalistes ? Non. Propagandistes ? Oui !

Il faut dire que les prétendus journalistes en charge d’Israel et du proche-orient y mettaient du leur, dans cette désinformation quotidienne. Sans basculer dans la théorie du complot visant à décrédibiliser Israel aux yeux du monde – le monde le vrai, pas le journal -, théorie à laquelle nombre de mes proches sont sur le point de basculer, je m’interroge en effet sur le pedigree de cette bande de supporters du Hamas. À commencer par Benjamin Barthe, époux d’une activiste de l’OLP, Muzna Shihabi, dont on peut légitimement douter de la neutralité sur les sujets liés à Israel. Mais ce n’est pas le seul. Clothilde Mraffko, dont le compte Twitter reprend allègrement les moindres allégations de Al Jazeera, est une journaliste qui travaille sur le sujet de Gaza et d’Israel depuis déjà cinq ans pour Le Monde, mais aussi depuis quelques temps … pour Mediapart, dont l’objectivité sur Israel est bien connue. Louis Imbert, ancien de Sciences-Po comme sa collègue Clothilde Mrafffko, vise, au fil de ses articles, à légitimer une forme de « résistance palestinienne », oeuvrant ainsi comme un propagandiste palestinien ayant pris l’accoutrement d’un journaliste dans un grand quotidien international. Tout est dans le choix des mots, les articles glissés ça et là pour faire l’inverse du travail d’un journaliste. Piotr Smolar, dont le grand-père est pourtant un résistant juif polonais, fait quant à lui partie de ces juifs qui ne cessent de dénigrer Israel, oubliant l’impact de leurs propos sur un public acquis à la destruction du sionisme.

Il existe pourtant d’autres journalistes, capables prendre, dans une certaine mesure, un peu de hauteur dans sa recension des tristes événements de ces derniers mois : Samuel Forey, ou jean-Philippe Remy ont fait preuve d’un peu de modérations dans leurs propos, ou du moins ont été capables de décrire le Hamas pour ce qu’il est, une organisation terroriste d’une cruauté sans fin, qui n’a eu de cesse, depuis sa prise du pouvoir, d’organiser attaques, infiltrations et bombardements hasardeux sur Israel jusqu’à aujourd’hui.

La fin de l’histoire

C’est un article de Clothilde Mraffko qui m’a fait prendre la décision la plus sage, qui s’imposait en fait depuis plusieurs semaines : mettre fin à mon abonnement. Un article sur le décès en prison de Walid Daqqa, un terroriste du FPLP, accusé du meurtre d’un jeune israélien. La manière dont est présentée l’annonce du décès dit tout du manque de professionnalisme de Clothilde Mraffko.

On peut déjà se poser la question de l’opportunité d’un tel article. Après tout, cela relève plutôt d’affaires intérieures en Israel, et c’est plutôt une annonce mineure. Que cherche Clothilde Mraffko en publiant un tel article ? À faire passer Israel, encore une fois, pour un pays indigne ? Elle oublie de dire que tout étant en prison, Daqqa a pu bénéficier d’une formation diplomante d’une université israélienne, a pu publier des articles dans la presse israélienne, de soins de santé qui ont permis de diagnostiquer son cancer. Comme un prisonnier lambda. Ce que Clothilde Mraffko passe sous silence, c’est le passé de ce sale type, et le mode de fonctionnement des prisonniers arabes dans les prisons israéliennes, comme le raconte en termes plus crus Mosab Hassan Yousef.

Bref, pour moi, cette inversion de valeurs fut pour moi la goutte d’eau qui fait déborder le vase.

J’ai donc appelé le service des abonnements du Monde. Au téléphone, une charmante dame ma s’est enquise de la raison de mon désabonnement. Je lui expliquais alors que j’étais écoeuré par la ligne éditoriale du journal depuis quelques mois. « Ah », me répondit-elle, « c’est donc LA raison ».. « Vous savez », rajouta-t-elle, « de nombreux lecteurs nous appellent pour nous reprocher la position inverse ». grand bien leur fasse, ils auront avec Clothilde Mraffko, Benjamin Barthe et leurs copains, tout le loisir pour voir Le Monde basculer comme l’organe de presse préféré du Hamas.

Pour ma part, c’est fini.

Les sudoku de Yan Georget et les mots-croisés de Philippe Dupuis me manqueront.

Mais certainement pas le reste…

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