Fin du Franco-judaïsme ?

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S’il existe de nombreux livres sur l’histoire des juifs en général, et sur l’histoire des juifs de France particulier, si les ouvrages sur le judaïsme écrits par des auteurs français, je n’avais encore jamais lu un livre consacré à l’évolution de la communauté juive de France, vue sous un prisme sociologique. Rendons grâce à Martine Cohen d’avoir publié un tel ouvrage. Son titre légèrement racoleur, Fin du franco-judaïsme ?, m’a, je dois l’avouer, largement poussé à en faire l’acquisition il y a quelques semaines…

Juifs de France ou français juifs ?

Le titre est racoleur, certes, mais les propos ne le sont absolument pas. Martine Cohen se livre en effet à une analyse très fine et très détaillée de l’évolution sur les deux derniers siècles de cette communauté, dont les effectifs ne représentent certes que quelques centaines de milliers d’individus, mais qui, tiraillée entre son profond attachement à la France, premier pays à lui avoir accordé une citoyenneté entière, et sa relation d’abord à ses pratiques religieuses, puis au jeune état d’Israel, traverse une période de plus en plus troublée.

Ce texte n’est cependant pas une histoire de l’antisémitisme en France, ni un texte de propagande en faveur d’une tendance plus ou moins à la mode. Ce livre expose en détail l’évolution à la fois de la structure de cette communauté, beaucoup moins monolithique qu’on ne le croit, de ses institutions, de ses déchirements internes et de ses doutes.

Une histoire des institutions juives de France

Il se peut que le lecteur peu au fait de l’histoire et de la nature de la communauté juive de France soit quelque peu dérouté par ce texte très dense, abondamment documenté. En revanche, le lecteur qiu s’intéresse déjà à cette histoire y retrouvera de nombreux éléments et détails chronologiques, qui lui permettront de parfaire ses connaissances. Car si tout le monde ou presque sait rattacher le Consistoire à l’histoire napoléonienne, peu de gens savent précisément de quand date l’apparition d’institutions majeures, comme l’Alliance Israélite Universelle, le CRIF, le FSJU ou les EEIF, dans quel contexte et avec quels objectifs elles ont été créées, et comment ont évolué leurs relations, les unes vis a vis des autres.

C’est un des aspects les plus déterminants de ce livre. D’un judaïsme français « consistorial », c’est à dire uniformément représenté par une institution unique, le Consistoire, on est passé à un judaïsme multiforme, fracturé en ce qu’on pourrait presque qualifier d’obédiences, chaque juif de France se sentant plus ou moins bien représenté par telle ou telle obédience, telle ou telle institution. Représenté auprès de qui, d’ailleurs ? Auprès de l’Etat ? Des autres institutions ? Des autres grandes religions ? Impliqué ou non dans les transformations majeures qui affectent la société française depuis plus d’un siècle ?

Une formidable idée cadeau ?

Voici donc un ouvrage passionnant, à lire ou à offrir pour ces fêtes de fin d’année, afin de mieux comprendre la nature de la communauté juive de France, des troubles qui la traversent, et de son avenir, ou non, sur le territoire national.

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