J’peux pas, m’sieur, j’ai Covid…

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Il s’en est fallu de peu qu’on assiste à une grande première : un grand rabbin de France en Algérie ! Le président Macron avait bien monté son coup. Le spécialiste mondial – voire universel – du « en même temps » avait imaginé se rendre en visite officielle mémorielle tout en se faisant accompagner de Haim Korsia, dont les parents sont eux-mêmes originaires d’Algérie. Mais voilà, le covid – diplomatique ou pas ? – en a décidé autrement.

Il faut dire que ce voyage officiel d’un juif officiel sur la terre de ses grands-parents n’a pas déclenché la vague d’enthousiasme qu’on aurait pu espérer. Alors que le Maroc a signé les accords d’Abraham et jouit d’une relation presque normale avec Israel, alors que la Tunisie accueillait, il y a quelques mois, une délégation officielle de juifs français – et plusieurs groupes de touristes israéliens – pour le pèlerinage à la Ghriba, l’Algérie a encore du mal à penser son passé juif. Soyons indulgent, elle a déjà du mal avec son passé français, on ne peut pas lui demander un effort aussi important du jour au lendemain.

J’ai pourtant entendu une voix, hier sur Radio Shalom, d’un représentant des Algériens de l’étranger, qui ne voyait pas de mal à ce que des juifs français d’origine algérienne viennent dans leur pays d’origine, et puissent se rendre sur la tombe de leurs ancêtres. Bon, c’est vrai que pour lui, Jean Benguigui, Patrick Bruel ou Gérard Darmon, étant nés en Algérie, sont algériens avant d’être français (je ne vois pas comment, puisqu’ils n’ont pas demandé la nationalité algérienne). Mais ne soyons pas si précautionneux : une voix positive dans un océan de voix négatives, cela s’apprécie, quand bien même, interrogé sur la question des relations avec Israel, on le sentait marcher sur des oeufs…

Bref, voici notre grand rabbin de France d’origine algérienne refoulé pour une vulgaire histoire de test covid positif. Une sorte de froid diplomatique à la sauce 21e siècle. C’est bien dommage : comme la comète de Halley, on risque de devoir attendre encore trois quarts de siècle avant d’assister au même phénomène : c’est foutu pour notre génération.

À moins que…

Dans foutu, j’entends le mot « foot ».

Et le mot foot, il donne des idées.

À bien y réfléchir, il y aurait une autre solution.

Certes, une solution osée. Mais une solution quand même.

Au foot, comment fait-on quand un joueur est souffrant ? Et bien on le remplace.

Or la communauté juive de France est riche de plusieurs institutions représentatives, qui possèdent à leurs têtes d’autres représentants issus de familles originaires d’Algérie. Le président du Consistoire, Élie Korchia, par exemple, ou le tout nouveau président du Crif, Yonathan Arfi. Voici donc deux excellents remplaçants pour palier la défection du numéro 10 de la communauté juive.

Avouez qu’un président du Crif en voyage officiel en Algérie, cela aurait encore plus de gueule que la visite d’un rabbin, aussi grand soit-il ?

Décidément, les conseillers de Macron bossent mal leurs dossiers.

Ils auraient pu prévoir un remplaçant…

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