Simone, le voyage du siècle

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Décédée à l’été 2017, Simone Veil a été une personnalité à part dans le paysage politique français. Portée vers le combat contre toutes les formes d’injustice, on aurait pu l’attendre à gauche. Elle fut pourtant ministre dans des gouvernements de droite. Ce qui ne l’a pas empêchée de mener à bien des réformes importantes, et de faire passer en 1974 une loi majeure sur l’interruption volontaire de grossesse. Il n’est donc pas étonnant qu’un « biopic » lui soit consacré, dans un délai finalement assez court après sa disparition.

Le film qu’a réalisé Olivier Dahan, avec Rebecca Marder (étonnante) et Elsa Zylberstein (qui cabotine un peu) dans le rôle de Simone Veil, la première pour incarner le personnage dans sa « jeunesse » politique, la seconde sur la deuxième partie de sa vie, rend un hommage vibrant à cette femme peu ordinaire. On suit Simone Veil à peu près à toutes les étapes de sa vie, de sa plus tendre enfance à son poste de première présidente du Parlement européen, sans oublier ses postes de ministre de la Santé sous Chirac (1974-1979) et Balladur (1993-1995), sans oublier l’étape déterminante de son passage en camp de concentration.

Pourtant, on ressort de la salle avec un sentiment partagé. Passons sur la musique qui ne nous quitte presque jamais – c’est une tendance tous styles confondus depuis une vingtaine d’années, et je la supporte de moins en moins (palme d’or à feu Tony Scott) – et qui m’agace au plus haut point. Mais il y a pire. Pourquoi ces aller-retours incessants entre les différentes époques de la vie de Simone Veil ? Ils finissent par fatiguer inutilement le spectateur, qui se demande pourquoi on ne lui propose pas une lecture chronologique de cette histoire déjà assez extraordinaire par elle-même, pour qu’on n’en rajoute pas. Avec ce montage peu convaincant, le final, qui raconte sa déportation en compagnie de sa soeur Milou et de sa m!re, donne l’impression que cet épisode terrifiant est le point d’orgue du parcours de cette femme, alors qu’il en est probablement à l’origine.

Finalement, ce film a probablement été construit pour un public qui ne connaît pas l’histoire de Simone Veil, et à qui on lui propose un « biopic » enrobé de pathos pour forcer un peu le trait. On a vu par le passé, notamment sur ARTE, des documentaires qui racontaient la vie de Simone Veil avec beaucoup plus de tact, de finesse, et probablement bien mieux construits et plus dignes d’intérêt.

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