Monsieur Aznavour (un peu chiant quand même)
Qu’est ce qu’on attend d’un biopic ? Une multitude de choses, en fait. Au-delà de l’histoire de la personnalité évoquée, qu’on peut apprécier ou détester, au-delà de l’inspiration ou du dégoût que ce personnage peut susciter, au-delà de la performance de l’acteur qui l’incarne, au-delà de la fidélité de la retranscription, c’est surtout, pour ma part, la possibilité d’être surpris par ce que je vais y apprendre.
Quand je rentre dans une salle obscure pour passer deux heures à revoir la vie d’un chanteur, d’un pilote de formule 1 ou d’un personnage politique, ce que j’attends en retour, c’est surtout d’en ressortir avec un peu plus de connaissances. Et si ce n’est pas le cas, au moins d’avoir passé un bon moment avec un scenario plus ou moins captivant, avec la dose de tension qu’un bon réalisateur sait intégrer dans la narration d’un destin connu de (presque) tous. C’est ce qui fait que les biopics sortis récemment et consacrés à Céline Dion, Edith Piaf (La Môme), Elvis Presley, Freddy Mercury ou Elton John étaient d’excellente facture. Et c’est aussi la raison pour laquelle je suis sorti de Monsieur Aznavour sur ma faim, pour ne pas dire assez déçu.
Sur la forme, il n’y a rien à dire. Tahar Rahim est un excellent acteur, on le sait depuis son jeu incroyable dans Un Prophète. Il sait cabotiner quand il faut et juste ce qu’il faut. Grand Corps Malade et Mehdi Idir, qui en sont à leur troisième collaboration, font le boulot. Et les autres acteurs jouent suffisamment bien leur rôle pour qu’on n’ait pas à se plaindre.
Mais il y a un point sur lequel le talent ne suffit pas : il faut aussi une histoire passionnante, avec des rebondissements, du suspens, du danger… Et malheureusement, la vie de Charles Aznavour n’est pas si passionnante que cela. Alors certes, il est le fils de réfugiés arméniens. Certes il a traversé la seconde guerre mondiale. Certes, les premières années ne furent pas des années de succès. Certes, il servi de conducteur à Edith Piaf. Avant que le succès n’arrive et qu’il gagne correctement sa vie.
Mais est-ce suffisant pour captiver un spectateur ? Je n’en suis pas certain. Un documentaire de bonne facture avec des images d’époque, diffusé sur Arte un dimanche après-midi, aurait abouti au même résultat.
Monsieur Aznavour remportera sans doute quelques Césars lors de la prochaine cérémonie.
Plus par nostalgie que pour le plaisir qu’en tire le spectateur.
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec
Pendant 1/4 d’heure, j’ai cru qu’Hervé était excessif. Une véritable émotion passait, les gens étaient authentiques.
Mais dès l’arrivée d’Aznavour adulte, j’ai soudain trouvé Hervé trop gentil. Non, les comédiens ne sont pas bons. On ne croit pas une seconde aux personnages (à part son duettiste des débuts). Et quelle déception quand il s’est mis à chanter. Le grand Charles doit se retourner dans sa tombe: aucune émotion ne passe, ce qui est quand même un comble.
Quant aux éloges de nos « zélites », je crains qu’ils ne soient qu’un nouvel avatar de leur condescendance vis a vis de ce qui n’est pas de notre culture rétrograde.
Oui, aucune émotion ne passe. Un bon documentaire nous aurait probablement bien plus fait vibrer…