Make Football Graet Again !
Décidément, rien ne nous sera épargné. Après une défaite houleuse en finale de coupe du monde face à l’Argentine, après l’affaire Benzema-Valbuena, après le désastre de Knysna, après la pathétique proposition de mariage de Raymond Domenech, après l’affaire Platini, voici qu’une nouvelle affaire vient donner une image pitoyable du football national. Cette fois, ce n’est plus au niveau des joueurs, ni de l’entraîneur, ni de l’arbitrage, ni des instances internationales, mais au niveau de la fédération, la célèbre FFF. Son dirigeant, un certain Noël Le Graët, qu’une bonne partie de nos concitoyens prenaient pour un type un peu débonnaire et sans envergure, s’est non seulement illustré dans une série de déclarations méprisantes, mais se retrouve également embarqué dans une affaire de harcèlement sexuel.
Football is football, business is business
Qui est Noël Le Graët ? Sa fiche Wikipédia décrit un parcours élogieux. Issu d’un milieu peu aisé, il crée une entreprise agroalimentaire qui se développe avec succès, devient maire PS de Guingamp, et préside le club de sa ville, jusqu’à son illustre victoire en coupe de France, alors qu’il évoluait en ligue 2. Parallèlement à cela, Le Graët progresse au sein des instances du football national, jusqu’à devenir président de la fédé, en 2011, tenant l’un des plus longs mandats de son histoire, après Jules Rimet, et de l’ordre du mandat de Fernand Sastre ou de FOurnet-Fayard. Bref, le gars est bien installé à la tête de cette organisation. Sous son mandat, l’équipe de France brille, avec une victoire en coupe du monde. Il a la chance de connaître une génération de joueurs talentueux, et un entraîneur hors pair, Didier Deschamps.
Mais tout n’est pas rose sous le mandat Le Graët. Le président sortant est passé à côté de plusieurs phénomènes, peut-être considérés comme anodin il y a 30 ou 40 ans, mais qui ne le sont plus de nos jours. Racisme et homophobie sont devenus de plus en plus visible sur les stades, un peu partout dans le monde. Le Graët n’en est pas la cause, mais il n’a jamais montré la moindre forme d’empathie sur ce sujet, se contentant d’une langue de bois confondante à chaque fois qu’il a pris la parole. De là à le considérer comme raciste, il n’y a qu’un pas, que certains commentateurs, professionnels ou amateurs, ont parfois franchi.
On ne touche pas à une idole !
Pire, il y a quelques jours, il s’en est pris à une idole nationale, Zinedine Zidane. Zizou, c’est une star, un mélodrame a lui tout seul. Il a tout gagné, a brillé comme entraîneur au Réal, et porte en lui les stigmates du footballeur exacerbé par les insultes sur le terrain. 2006 est dans toute sles mémoires, comme 2010 ou 1982. Beaucoup verraient bien Zidane remplacer Deschamps, contesté pour sa gestion de la finale d’il y a un mois. Le Graët n’est pas de cet avis, il a reconduit Deschamps et flingué Zidane dans une interview ravageuse. Premier carton jaune.
Et c’est là que se produit l’événement imprévu. Les rumeurs de harcèlement sexuel et de comportement inapproprié autour de sa personne sont confortées par une interview dans So Foot, où Sonia Souid, agent de joueurs, révèle les invitations à répétition dans son appartement personnel. Deuxième carton jaune.
Or Le Graët connaît les règles du foot. Deux cartons jaunes dans le même match, c’est le rouge.
Une affaire de timing ?
Accessoirement, on pourra se demander pourquoi le témoignage de Sonia Souid, sur des faits remontant à près de six ans, sortent la même semaine que les propos indélicats sur Zidane. Aurait-elle flairé le bon moment pour se venger ? Ou bien a-t-elle été empêchée de parler pendant toutes ces années, au risque de perdre de belles affaires ? On ne le saura jamais, mais une chose est certaine : il y a quelque chose de pourri au royaume du foot.
Et pas que du foot.
Cat pour se consoler, l’ex-président de la FFF, pourra se dire qu’il n’est pas le seul à être sorti par la petite porte. Le rugby connaît lui aussi sa petite crise existentielle, avec la mise en retrait du président de la FFR, Bernard Laporte, suite à une affaire de corruption.
Fric, racisme, sexisme. What else ?
C’est beau les sports d’équipe, non ?
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec