Mais que boivent les architectes qui construisent les tours parisiennes ?

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

Si vous habitez en région parisienne, vous avez sûrement remarqué un phénomène inquiétant : l’éclosion de tours aux formes particulièrement peu harmonieuses. Je ne sais pas ce que boivent ou fument les architectes qui sont à l’origine de ces gratte-ciels inhabituels, mais je suspecte une tendance à abuser d’alcools forts et de drogues pas très douces…

Il n’y a qu’à faire un tour sur les bords de seine du côté de Neuilly ou sur les périphériques au niveau de la Porte de Bercy pour se rendre compte de la laideur des ensembles déjà érigés ou en cours de construction. Le manque d’harmonie de certaines de ces bâtisses est tel, que j’en viens parfois à essuyer le verre de mes lunettes pour vérifier si ce n’est pas une illusion d’optique. Mais non, hélas, ma vue est encore correcte, et ce sont bien ces buildings qui ont des formes complètement tarabiscotées.

Un phénomène bien parisien

Dieu merci, ce phénomène ne touche que la proche banlieue, et le centre de Paris est encore – mais pour combien de temps – préservé de telles abominations. Seule la Tour Montparnasse trône, avec sa forme cylindrique reconnaissable de loin, du haut de ses 59 étages. Les lointaines tours du 13e et du 20e arrondissement, aux formes plus simples que leurs jeunes soeurs, ne lui arrivent pas à la cheville.

Mais voilà, de part et d’autre, on voit éclore ces projets farfelus, ces tours aux formes indescriptibles, nées dans l’imaginaire tourmenté d’architectes ne disposant pas de règles assez longues pour tracer de grandes lignes droites.

Les architectes modernes jouent-ils à Uno Stacko ?

Qu’est ce qui peut bien pousser un architecte à construire de tels bâtiments ? Je me le demande à chaque fois que je passe, par exemple, devant cette construction située peu après la BNF. Qu’est ce qui a bien ou passer par la tête de celles et ceux à l’origine d’un immeuble dont une partie semble dissociée de sa base, et posée en équilibre instable sur le reste de la structure ? Qu’est ce qui peut pousser un architecte à élaborer une surface qui ressemble plus au fuselage d’un avion furtif qu’à un gratte-ciel moderne ?

À chaque fois, je suis saisi de stupeur, je me demande si en cas de tremblement de terre, une partie de l’immeuble ne va pas se dissocier du reste, et s’écraser sur les passants qui flânaient négligemment au bas de ces tours.

Quelques hypothèses…

Avec le temps, je suis parvenu. à formuler quelques hypothèses. C’est peut-être l’issue de paris stupides que les architectes de tous pays font entre eux, à l’heure du déjeuner. Quand certains parient sur les trois buts de Mbappe dans un même match ou la défaite du brésil en quart de finale de la coupe du monde, d’autres parient qu’ils arriveront à construire une tour plus tarabiscotée que celle de leur voisin de table.

Autre hypothèse, celle d’un jeu de potache auquel se livrent les architectes, pour se moquer de certaines professions. Par exemple les laveurs de carreau.

-Tiens, et si on construisait une tour impossible à laver d’un seul coup ?

-Ouais, super, bonne idée, je vais mettre mon équipe sur un tel projet

Ou bien pour taquiner les géomètres chargés de calculer la surface d’un bâtiment. Avec un bâtiment de structure cylindrique comme il en existe de nombreux à la Défense, ou dans les lotissements de HLM, c’était facile. On mesure la surface au sol d’un étage, on multiplie par le nombre d’étages, et hop ! le tour est joué. Mais avec des immeubles comme ceux qu’on construit de nos jours, c’est fini, la mode des tire-au-flanc. Désormais, c’est chaque étage qu’il faut mesurer. Et ce n’est pas la même histoire…

La même évolution que la musique classique ?

J’ose avancer ici une dernière hypothèse : l’évolution de l’architecture des bâtiments modernes suit, peu ou prou, l’évolution de la musique sur les deux ou trois derniers siècles. Cela relève d’u principe même de l’évolution, abandonner ce qui se faisait de bien auparavant pour imposer ce qu’on pense être mieux. Parfois ça marche, parfois ça ne marche plus.

Au tout début, par exemple, on faisait des immeubles solides, un peu chiants certes, mais simples à comprendre : les premières tours, les cités HLM des années 70, c’est un peu le Jean-Sébastien Bach de l’architecture. Peu à peu, on s’autorise quelques écarts, quelques fioritures : c’est l’époque des Beethoven, Mozart, Schubert.

Puis très vite, on se lasse de ces évolutions, et on revient à des formes plus classiques, comme l’énorme suppositoire qui trône au centre de Londres : c’est l’époque des Ravel et Debussy, dont la musique d’une pureté limpide, n’aspire à rien d’autre que la contemplation.

Et puis patatras, débarquent les compositeurs modernes, la musique contemporaine, on passe de Stravinski à Boulez, et là, plus rien n’est audible du grand public, seuls les professionnels se réjouissent d’une telle révolution. Ce sont les immeubles dont les photos traînent au milieu de cet article.

Il est temps que l’architecture change de style.

qui sera l’Elton John de l’architecture moderne ?

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?