Les Netanyahou

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Hiver 1960. Ruben Blum, professeur d’histoire dans une petite université d’un coin perdu au nord-ouest de l’état de New-York, a été chargé par le directeur de son établissement d’accueillir un enseignant réputé pour ses travaux sur l’inquisition ibérique. Seul problème : au lieu d’être accueilli au sein du département d’histoire, c’est au sein de celui en charge de l’enseignement religieux que ce professeur devra donner sa leçon inaugurale. Et c’est la raison pour laquelle on a chargé Blum d’accueillir cet illustre personnage, dont il partage la religion.

Le nom de ce professeur : Bension Netanyahou.

Si son nom résonne aux oreilles du lecteur occidental, c’est parce que son fils n’est autre que Binyamin, le dirigeant actuel de la coalition au pouvoir en Israel, et l’un des personnages à la longévité la plus étonnante de tout l’appareil politique israélien.

Mais ne vous y trompez pas. Si Bibi est devenu l’un des dirigeants israéliens les plus connus dans le monde, effaçant même le souvenir de Shamir ou de Olmert de la mémoire collective, son père – et son frère – jouissent d’une renommée tout aussi forte au sein du public avertie.

Le frère aîné de Bibi n’est autre que Jonathan – dit Yoni – Netanyahou, à la tête du commando chargé de libérer les otages lors du détournement du vol Paris-Tel Aviv sur l’aéroport d’Entebbe, en 1976, et seule victime du-dit commando.

Quant à Bension Netanyahou, c’est un historien reconnu en Israel, qui participa à la rédaction de l’Encyclopedia Hebraica, en collaboration avec le professeur Leibowitz. Spécialiste de l’inquisition, il est l’auteur d’un pavé de 1500 pages sur le sujet. Il est aussi un sioniste convaincu, proche de Jabotinsky, l’âme du sionisme révisionniste. Quel dommage que sa page wikipedia en français soit encore si pauvre…

Les Netanyahou est une fiction humoristique, qui raconte l’arrivée de la famille Netnyahou dans la petite ville de Corbin, où Blum doit le guider sur le campus de l’université et l’amener à rencontrer ses futurs principaux collègues. Satire de la diaspora juive américaine, prise en étau entre l’influence d’un judaïsme traditionnel véhiculé par la famille de Blum, d’origine lithuanienne, et celle d’un judaïsme plus assimilé, représenté pa rla famille de sa femme d’origine germanique, cette comédie met pourtant du temps à prendre forme. Il faut attendre les deux tiers du livre avant que le récit ne prenne sa véritable forme.

Entre temps, on aura eu droit à une explication de texte fort érudite sur la différence entre sionisme politique et sionisme révisionniste, à de longs et pénibles dialogues au sein de la famille Blum, sans comprendre vraiment où veut nous emmener Joshua Cohen, pourtant lauréat d’un prix Pulitzer pour cet ouvrage en 2022.

Au final, Les Netanyahou ne vaut peut-être que pour la leçon inaugurale de Bension Netanyahou, où l’auteur résume en quelques paragraphes la pensée du père de Bibi, qui voit, dans l’inquisition espagnole et portugaise, les prémices de l’antisémitisme moderne. Car contrairement à l’inquisition italienne, plus portée sur la religion qu’autre chose, affirme-t-il, l’inquisition espagnole et portugaise fut avant tout une inquisition politique, destinée à affirmer le pouvoir de la royauté sur une noblesse qui s’appuyait encore sur une communauté juive ou crypto-juive pour se financer.

Finalement, c’est ce livre et cette histoire là qui auraient été plus intéressants à lire.

N’est pas Philippe Roth qui veut…

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