À voix nue : Nathalie Cabrol

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C’est un peu par hasard que j’ai découvert Nathalie Cabrol. Je m’en souviens encore, c’était il y a quelques semaines à peine, je raccompagnais un de mes enfants en voiture depuis un rendez-vous médical, et comme j’aime bien titiller l’esprit critique de ma progéniture, j’ai mis France Culture, au lieu d’une de ces insipides stations musicales de la bande FM.

Le hasard, donc, fit que nous tombâmes sur une émission, je crois qu’il s’agissait de La Science, CQFD, où une astrobiologiste était interviewée. Deux choses m’avaient surpris. D’abord, le terme, astrobiologiste : je l’avais découvert quelques semaines auparavant, en lisant Microcosmos, et cette coïncidence m’avait étonné. La seconde, c’est cette voix, qui s’exprimait dans un français correct, mais teinté d’un accent que je n’arrivais pas à déterminer, allemand ou anglais. Je prêtais donc une oreille attentive (tout en conduisant), afin de saisir le nom de la personne interviewée : Nathalie Cabrol. Elle racontait ses travaux, sur les formes de vie primitives sur Terre, et comment elle partait à la recherche de ces traces qu’on pouvait trouver au fond des lacs situés à 6000 mètres d’altitude, dans le cratère de volcans situés dans les Andes.

Quelques jours plus tard, alors que je parcourais la liste des personnes interrogées dans le cadre du podcast d’À voix nue, je tombais de nouveau sur son nom. Je saisis donc l’occasion d’écouter ce qu’elle avait à dire, sur une durée plus longue. Et le résultat fut époustouflant.

Car Nathalie Cabrol est une scientifique au parcours étonnant, un parcours qui l’a conduite à la direction du projet SETI, le programme de recherche de vie extra-terrestre. Elle n’est pas arrivée à l’astrobiologie par une voie directe, mais suite à plusieurs bifurcations qui ont forgé son destin. Curieuse, mais pas suffisamment douée en maths et en physique pour un parcours en classes prépa, elle s’intéresse à la géologie, puis à la géologie des planètes : le souvenir du LEM qui s’est posé sur la Lune, alors qu’elle n’avait que six ans, l’a marquée à vie. Son sujet de recherche sera donc le cratère Gusev, sur la planète Mars, un cratère où l’on pensait alors trouver des traces d’une ancienne présence d’eau.

Des restrictions budgétaires à l’Observatoire de Meudon la poussent à s’installer aux Etats-Unis – elle et son époux deviendront américains par la suite. Là, elle finit pare rejoindre une équipe de la NASA, en charge d’un robot d’exploration à la surface de Mars, sa connaissance de Gusev étant appréciée à sa juste valeur.

Mais en plus de son travail sur le rover d’exploration, elle se lance alors, au début du siècle, dans un projet incroyable. Son raisonnement est simple : si on veut chercher d’autres formes de vie dans l’espace, il faut commencer par comprendre les conditions de développement de la vie sur d’autres planètes. Et pour cela, il faut aller rechercher, sur Terre, là où les conditions de température, de pression, de pollution ou d’exposition aux UVs, sont les plus proches des conditions initiales sut Terre, et donc les plus éloignées de ce qu’on trouve dans notre monde civilisé.

Pour cela, son choix se porte sur les volcans de la Cordillère des Andes. À 6000m d’altitude, sur l’Altiplano, la pollution est beaucoup plus réduite qu’ailleurs. En outre, on y trouve des lacs d’une pureté incroyable, où l’on peut retrouver les formes de vie cellulaire les plus primitifs. Ça tombe bien, Nathalie Cabrol est spécialiste de la plongée en apnée. Il ne lui reste plus qu’à apprendre à grimper à 6000m…

Pour en savoir plus sur Nathalie Cabrol, il ne vous reste plus qu’à découvrir cette série de 5 épisodes d’une demi-heure chacun, en commençant par le premier. Je peux vous assurer que vous ne perdrez pas votre temps. Pour ma part, c’est décidé, après l’avoir écoutée, j’ai acheté l’un de ses livres…

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