Les lacets d’une vie

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Les lacets d’une vie est un livre d’actualité. Son auteur, Jean-Noël Lemasson, y raconte comment il a traversé deux épreuves majeures durant sa vie, et a su se reconstruire avec le temps. C’est un livre qui a vocation à servir de support, de guide, pour tous ceux qui, dans la période de crise actuelle, risquent de se retrouver confrontés à la même situation. Pourtant, rien n’est moins assuré.

Deux épreuves terribles

La première épreuve qu’il relate, c’est le suicide de son frère, alors qu’il n’a pas encore la trentaine. C’est sa mère qui lui apprend la nouvelle, alors qu’il est en poste sur un chantier. C’est au contact de ses amis, en s’immergeant dans son activité professionnelle, et par la pratique du sport, qu’il va peu à peu reprendre goût à la vie, et faire son deuil.

La seconde épreuve est celle qui nous intéresse ici, c’est la liquidation de son entreprise, plus exactement de l’entreprise qu’il a reprise, alors qu’elle était déjà en difficulté. L’auteur raconte avec force détails, d’ailleurs, son flirt avec la société en question. Comment il l’a rejointe lors d’une première période trouble, comment il s’y est investi, avant de la quitter, pour y revenir et la racheter à son fondateur. Comment il l’a remise sur pied, par deux fois. Et comment, par un concours de circonstances tragiques, il a dû mettre un terme à son activité, se ruinant par la même occasion, et contraignant sa famille à repartir de zéro ou presque.

Chef d’entreprise cherche sortie de crise

L’année 2020 a été terrible pour de nombreuses sociétés, et sans aucun doute, 2021 sera tragique pour une bonne partie d’entre elles. Il y a celles dont l’activité a purement et simplement disparu (événementiel, spectacle, tourisme). Celles qui ont dû se réinventer avec plus ou moins de bonheur (restauration). Celles dont l’activité est suspendue à l’avenir de leurs donneurs d’ordres (sous-traitants de l’automobile ou de l’aéronautique, secteurs du conseil et de la communication). Le parcours de Jean-Noël Lemasson, entre tribunal de commerce, syndicats et administrateur judiciaire, va probablement devenir familier à bon nombre de chefs d’entreprise.

Mais j’ai un peu le sentiment que le parallèle s’arrête là. L’auteur des Lacets d’une vie, bien que dirigeant, n’est n’a pas créé l’entreprise dont il a eu à déposer le bilan. Pour ceux qui devront fermer la société qu’ils ont créée quelques années auparavant, société qui constitue parfois l’affaire d’une vie, la pilule et d’autant plus amère. Jean-Noël Lemasson a perdu ses économies, certes, mais a pu se reconstruire parce que son échec s’est produit assez tôt (à la quarantaine), ce qui lui a permis rapidement de trouver un nouvel emploi salarié, et dans un contexte où il n’a fait que reprendre la société créée par un autre. À ce titre, il jouait déjà avec certaines contraintes favorables à un rebond. Ceux qui, hélas, devront fermer la boutique qu’ils ont ouverte, n’on pas eu à connaître ces contraintes. Dans les semaines qui suivront, ils auront du mal à se débarrasser d’un sentiment non de culpabilité, mais de n’avoir peut-être pas su anticiper. Anticiper quoi, objecterez-vous ? Le Covid ? Bien difficile, je veux bien le reconnaître.

D’une certaine manière, Jean-Noël Lemasson a eu si l’on peut dire la chance de pouvoir se reconstruire entre temps. Les patrons qui auront passé largement la cinquantaine et se retrouveront sans rien, du jour au lendemain sans rien, auront beaucoup plus de mal à se reconstruire. Il n’est pas sûr que les conseils des Lacets d’une vie y suffisent…

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