Grève perlée

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Depuis quelques semaines déjà, nous vivons une période dite de « grève perlée » à la SNCF: au lieu d’appeler à une grève ininterrompue sur une longue période de temps, les syndicats ont appelé les cheminots et les autres salariés à se mettre en grève au rythme de deux jours sur cinq. Plus exactement, les jours dont le chiffre des unités finit par un 3, un 4, un 8 ou un 9 sont des jours de grève (on en arriverait presque à préférer les mois de 31 jours…). Les autres sont des jours dits normaux – au bémol prêt que la remise en route du trafic SNCF ne se fait pas de manière instantanée et que des petits retards peuvent se produire en amont ou en aval des périodes de grève. Cela fait déjà un mois et demi que ça dure, et il faut bien l’admettre: nous, les usagers, avons peu à peu fini par nous y habituer. Nous, français, champions du monde de l’homéopathie, arriverions-nous à nous habituer à toutes les emmerdes, à petite dose?

À une échelle macroscopique, cette accommodation à la grève perlée peut sembler vraisemblable. Mais si on redescend à l’échelon local, ce type de grève est catastrophique. Maintenue sur le long terme, elle pénalise avant tout les petites structures, qui doivent s’adapter au rythme imposé par la SNCF, qui reste, à l’échelle des PME, une grosse entreprise. Ce que se permettent les grévistes, c’est d’imposer une dépréciation de l’activité économique à l’échelle d’un pays. Envisageable sur le court terme; suicidaire sur le long terme. Si un économiste lit ces lignes, je l’invite à calculer l’impact d’une période de grève aussi longue sur la vie et la performance des PME dont l’activité s’appuie sur l’infrastructure de transport. Alors qu’un ministre d’état envisage de faire payer aux entreprises les bénéfices du retour de la croissance… Pauvres entreprises françaises, coincées entre le marteau et l’enclume.

Et s’il n’y avait que la SNCF… Rappelons les journées de grève à Air France ces derniers jours (qui ont conduit à la démission de son P-DG). Ou celles dont on ne parle pas, comme cette grève – pas perlée du tout – à La Poste de Boulogne, dont pâtissent aussi bien les entreprises que les particuliers, en attente d’un colis, d’un chèque ou d’un document administratif.

La grève est avant tout un privilège de riche. Seules les entreprises un peu grasses peuvent se permettre des grèves. Les autres doivent en subir les conséquences. Sous prétexte de vouloir protéger un modèle social, les grévistes de la SNCF, d’Air France ou de La Poste font en réalité preuve d’un égoïsme particulièrement élevé. La tartufferie a assez duré.

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