Avengers Infinity War
Il fut un temps, il n’y a pas si longtemps de cela, où la technologie n’était pas aussi sophistiquée, et où les films des studios Marvel apportaient, au niveau du scénario, ce que la 3D ne permettait pas d’obtenir. Cette époque là est révolue. La puissance de calcul permet désormais aux studios de dépenser leur énergie dans des scènes d’une rare complexité, au détriment de scénarios qui s’en trouvent définitivement appauvris. Le résultat est particulièrement visible dans ce nouvelle épisode de la série des Avengers: Infinity War.
Sur le papier, pourtant, cet opus se présentait sous les meilleurs auspices. En y réunissant presque tous les super héros des précédents films, de Spiderman aux Gardiens de la Galaxie, d’Iron Man à Black Panther, apportant un peu de cohérence au déballage de super pouvoirs auquel nous avons assisté ces dernières années. Il ne manque que les X-men ou les 4F. Tout était donc là pour la mère des batailles, celle contre le mal absolu, Thanos, celui qui avait fait les délices des bonus des opus précédents.
Ce gros méchant bourru, format XXX qui aurait pris des amphétamines, est bien énervé, et cela se sent dès la première scène du film. Ayant acquis un gant magique doté de 6 emplacements de perles, il semble bien décidé à partir à la recherche de ses jouets préférés: une verte par ici, une rose par là, une jaune pour couronner le tout. Bien entendu, nos gentils super-héros ne laisseront pas le gros bouffi s’en emparer impunément. Jusque là, ça se tient, c’est le scénario normal d’un Marvel.
Pourtant, on sort de là avec un goût bizarre: celui d’être une nouvelle fois la victime de cette tendance maladive qu’ont les studios à vouloir tirer des séries de toute histoire. La succession de super-héros qui défile – une bonne vingtaine – fait que chacun n’a, au final, qu’un rôle secondaire. Passe encore du temps où il y avait 7 ou 8 Avengers. Mais si on rajoute Spiderman, les Gardiens de la Galaxie et quelques autres super-héros dont j’ai oublié le nom, ça fait un peu trop de héros, et pas assez d’histoire. C’est l’effet Bar-Mitzvah: plus il y a d’invités, mais on passe de temps avec chacun d’entre eux…
Mais il y a pire. Là où les bandes-dessinées, jadis, nous maintenaient avec un certain plaisir en haleine durant deux ou trois semaines, les studios Disney ne laissent guère qu’une impression de vouloir rentabiliser à tout prix les licences acquises. Nous aurons donc droit à un Avengers Infinity War Part 2, et pourquoi un Part 3 ou 4. Je crains que les enfants de mes petits-enfants n’aient droit à l’épisode 126 de la saison 3 de cette saga qui devient peu à peu indigeste.
Bien entendu, nous y avons droit, à cette mère des batailles. Une scène épique, qui a probablement requis une puissance de calcul colossale, pour gérer tous ces petits monstres. Une bataille rangée, qui renvoie la bataille d’Hastings au rang d’un combat de boxe. D’ailleurs, c’est un combat de boxe géant: à l’heure où les humains – les vrais, nos contemporains – se battent à coups de drones, d’intelligence artificielle et de robots, les super héros en sont encore à se balancer des coups de poing pour se mettre K.O.. Un peu pathétique, tout cela, non?
À moins que ce ne soit un effet secondaire de l’âge: passé la cinquantaine, il devient probablement de plus en plus difficile de conserver le goût de ce qu’on appréciait à l’adolescence…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec