Sapiens en BD

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Cinq années sont passées depuis ma recension de Sapiens, le best-seller de Yuval Harari. Depuis la parution de son premier livre, l’auteur a publié deux autres ouvrages, Homo Deus, suivi de 21 leçons pour le XXIème siècle. Sapiens est devenu plus qu’un best-seller, une référence, et une petite entreprise à part entière, le Sapiens Ship. Ce dernier a pour vocation d’amener un public le plus vaste possible à une prise de conscience sur les enjeux qui attendent l’humanité.

Sapiens Inc.

C’est dans le cadre de son activité, le Sapiens Ship participe à des projets de diffusion plus large des ouvrages de Harari, comme cette adaptation de son livre en bande-dessinée. D’un premier abord, cela paraît plus relever d’une démarche de merchandising qu’autre chose. Mais les apparences sont trompeuses, et l’adaptation de Sapiens en BD mérite plus qu’un regard dédaigneux.

Sapiens en BD reprend les propos de l’ouvrage original. On y retrouve donc les premiers chapitres qui, je men souviens encore, m’avaient considérablement scotché lors de la première lecture. Pour la première fois, j’y voyais exposée la théorie d’une cohabitation de multiples espèces humaines, et non d’une succession comme on nous l’apprenait dans le passé. Pire, Harari mettait les pieds dans le plat, et accusait l’espèce triomphante, Homo Sapiens, d’avoir éradiqué (volontairement ou involontairement) les autres espèces humaines.

Bien entendu, ce n’est pas dit avec la même violence que mes propos le laissent penser. Harari prend des pincettes, notamment à l’égard d’un lectorat plus jeune. On est donc invité à suivre les aventures de Yuval Noah Harari et de sa nièce Zoe, de conférence en conférence, au travers de rencontres avec des scientifiques qui existent dans la réalité, comme Robin Dunbar, ou des personnages sortis de l’imagination des auteurs.

Une collaboration fructueuse

Car Sapiens en BD n’est pas l’oeuvre de Yuval Harari uniquement, mais le résultat d’une collaboration, avec des auteurs de BD spécialisés dans la vulgarisation scientifique. Le talent de David Vandermeulen et de Daniel Casanave n’y est pas pour rien. Il fallait réussir à adapter ce texte plutôt aride en une histoire qui se laisse lire plutôt agréablement. Mieux, son rythme et sa dimension graphique permettront surement à des lecteurs moins habitués à lire des essais de plusieurs centaines de page, de se familiariser avec l’univers de Yuval Harari.

Seul regret, la dimension marketing de l’affaire. Mais avec Harari, on sait qu’on a affaire à du lourd en la matière. La BD est sorti simultanément dans une trentaine de pays, traduit dans plusieurs langues, et des couvertures différentes, selon la sensibilité des cultures visées, sans doute.

Et ce n’est pas fini….

Plus énervant, on n’a affaire, avec ce premier tome, qu’à l’adaptation de la première partie de Sapiens, autrement dit, des trois premiers chapitres, consacrés à la révolution cognitive. Il y a dix chapitres, répartis en quatre parties, rien que dans le premier ouvrage. Et on se dit que la collaboration risque fort de se poursuivre avec les deux livres suivants. Autrement dit, nous sommes partis pour une « sérialisation » de Sapiens, un peu à la mode Netflix. 10 ou 12 BDs à venir, à 25 euros l’unité. Bien sûr, il y a du travail derrière tout cela, il faut bien que les auteurs gagnent leur vie, et rien ne nous oblige à tout acheter.

Mais Harari sait très bien comment fonctionne le cerveau humain, qui cède si facilement aux addictions…

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