Sale temps pour un putsch …

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Quand ça veut pas, ça veut pas. C’est l’expression qui m’est venue à l’esprit, ces derniers jours, après l’échec du putsch fomenté par Evgueni Prigojine et sa milice privée, le groupe Wagner. Pourtant, les conditions idéales : les regards étaient braqués sur la contre-offensive ukrainienne depuis quelques semaines, et du côté de Moscou, cela patine tellement dans la choucroute, qu’on se demande si le bon Vladimir n’aurait pas planifié son invasion de 2022 au cours d’une partie de Risk avec ses officiers supérieurs. Bref, pour Wagner et ses 20000 ou 30000, dieu seul sait combien, de soldats ex-taulards, l’occasion semblait idéale.

Mais voilà, le putsch a fait pshittt comme dirait Jacques Chirac. Annoncé vendredi, il faisait déjà partie du passé samedi soir. C’est étrange comment l’accélération qui caractérise le 21e siècle touche, d’ailleurs, tous les domaines, du sport à la politique en passant par les coups d’état. C’est un coup à nous faire regretter le début des années 90, et le putsch de l’été 91, pendant lequel le régime de Gorbatchev s’est mis à vaciller.

Il faut dire qu’à cette époque, l’information ne circulait pas aussi vite. Entre le moment du putsch, sa divulgation et sa conclusion, plusieurs jours semblaient s’être écoulés, alors qu’en réalité, le putsch était dégonflé dès les premières heures.

Cela me rappelle le distinguo subtile que nous autres, vieux informaticiens formés à Unix, faisons entre le temps elapsed, et le temps CPU. J’en ai déjà parlé il y a plusieurs années, mais je ne résiste pas à l’envie de vous en refaire l’article. Le temps elapsed, c’est le temps qu’une tâche exécutée sur votre ordinateur semble avoir pris, autrement dit le temps perçu. Le temps CPU, c’est le temps qu’a réellement pris cette tâche pour s’exécuter. Bien entendu, le temps perçu est toujours supérieur au temps CPU. Mais cette différence peut prendre des dimensions importantes, surtout si plusieurs tâches s’exécutent en parallèle.

De nos jours, l’explosion des circuits d’information semble avoir réduit l’écart entre ces deux mesures. Nos processeurs semblent fonctionner à pleine charge en permanence, sans laisser au temps le temps de s’écouler. Laisser le temps au temps, quelle belle expression d’ailleurs, popularisée par François Mitterrand en son temps.

Tout cela ne nous dit pas ce que va devenir Evgueni Prigojine. Si Poutine semble avoir fermé les yeux sur les soldats de Wagner – de la chair à canon, ça peut toujours être utile – je doute que son chef bénéficie de la même indulgence. Ses jours sont probablement comptés.

Sale temps pour les mercenaires, surtout les mercenaires en chef.

À moins qu’il n’ait eu le temps de passer dans le camp d’en face…

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