Connaissez-vous le Javelin ?

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Au-delà des souffrances et des pertes humains inconsolables, certains conflits laissent, dans l’histoire, une trace particulière, en ce sens qu’ils offrent un terrain d’expérimentation inespéré pour de nouveaux systèmes d’armes. Si la première guerre mondiale a vu, par exemple, apparaître les premiers usages de l’aviation à des fins militaire, le second conflit mondial, lui, a été marqué par l’usage intensif des chars par les troupes allemandes, puis des bombardiers aussi bien par les forces de l’Axe que par les Alliés, avant de s’achever sur les deux seuls cas (à ce jour…) où une bombe atomique a été expérimentée. Puis la guerre de Corée a été le terrain d’expérimentation des chasseurs à réaction. Et la guerre du Kippour a vu, au grand détriment de l’armée de l’air israélienne, se développer de manière intensive, l’usage de missiles sol-air.

Fire and forget

Que retiendra-t-on, de ce point de vue, du conflit en cours en Ukraine ? Probablement l’utilisation avec succès de systèmes autonomes anti-char, comme le lance-missile dénommé Javelin. Pourtant, le FGM-148 n’est pas si récent. Sa conception date des années 90, mais son déploiement massif sur une zone de conflit est assez récente.

Poum !

Produit aux Etats-Unis par Raytheon et Lockheed Martin, le javelin ressemble vaguement au LRAC dot j’ai pu faire l’apprentissage dans ma jeunesse, pendant mes années de service militaire. Un lanceur de roquette, après tout, ce n’est rien d’autre qu’un tube creux avec une gâchette… Ce qui distingue le Javelin d’un système classique, c’est bien entendu la munition. Le missile expédié par le Javelin est capable de se diriger tout seul vers une cible précédemment acquise par son opérateur, et oriente son vol de manière à monter à une dizaine de mètres, puis à tomber à la verticale de celle-ci. Il est doté d’une double charge creuse, capable de percer le blindage des chars les plus récents. Il est également équipé de batteries électriques, qui lui procurent une autonomie de quelques heures. Le système de propulsion autonome du missile de se met en marche qu’après expulsion de celui du lanceur, ce qui permet au soldat qui l’a tiré de se mettre à l’abri.

L’armé ukrainienne serait dotée de près de 400 lanceurs de type Javelin, et aurait reçu plus de 1000 missiles. Mis en oeuvre avec succès durant les dernières semaines, ils auraient provoqué d’assez importants dégâts au sein des colonnes de blindés russes.

Du Javelin au Switchblade

Et si cela ne suffisait pas, voici qu’on parle d’une arme encore plus performante, appelée Switchblade, un drone autonome, avec lequel il n’est même plus nécessaire de pointer une cible. Pesant à peine 2 kilos et demi (contre 22 kgs pour le Javelin), et de la forme d’une simple baguette de pain, ce drone tueur a une portée de 10 kms, et se débrouille tout seul (ou presque) pour repérer sa cible et la détruire.

La question qu’il faut maintenant se poser, c’est de savoir quelles conséquences aura le développement de tels systèmes d’armes sur d’autres zones de conflit. Le succès du Javelin ou du Switchblade va en effet conduire à l’apparition de ce système similaire, produits par des pays aux intérêts différents de ceux des Etats-Unis. Les pays qui ont construit leur avantage militaire sur d’importantes forces blindées devront probablement s’intéresser à des systèmes de défense capables d’identifier des missiles du type Javelin, et de les anéantir avant qu’ils ne fassent leur travail. Peut-être verra-t-on chaque char doté d’une sorte de dôme de fer autonome.

En attendant la parade suivante…

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