Russia Tomorrow

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Vladimir Poutine devrait lire Christophe Faurie plus souvent. Il trouverait, dans les livres et les articles de cet excellent penseur du début du 21ème siècle, de quoi alimenter sa réflexion sur le principe d’énantiodromie, autrement dit ce principe qui pousse un système à agir à l’inverse de la force qu’on exerce sur lui. C’est le principe qui est à l’oeuvre chaque fois que vous demandez à vos enfant de faire quelque chose (mettre la table, ranger leurs affaires) : on cherche un résultat, et on obtient l’inverse.

In Russia, today

C’est exactement ce qui s’est passé ces dernier jours. En jouant des muscles et en cherchant à affaiblir l’Europe, le dirigeant russe n’a réussi, jusqu’à présent, qu’à faire l’unanimité des occidentaux contre lui. Même la Suisse, la si neutre et noble Suisse, se range à côté de ses partenaires européens, pour appuyer la salve de sanctions économiques prises contre la Russie. Du gel des avoirs russes au blocage des transactions SWIFT, de l’interdiction de diffusion des chaînes Russia Today et Spoutnik au boycott des manifestations sportives, tout se déroule comme si on voulait enfermer la Russie d’aujourd’hui dans une chape de plomb, dont elle ne sortira qu’une fois que le dernier de ses soldats aura quitté le territoire ukrainien.

Russia Today, une grande chaîne de désinformation ?

C’est bien beau.

Mais cela fonctionnera-t-il ?

Rien n’est moins sûr. Des sanctions contre des pays un peu trop belliqueux, les gens de mon âge et plus en ont vu passer. De l’Iran à la Corée du Nord, en passant par la Syrie ou Cuba, on a bien vu ce que cela produit : strictement aucun effet sur la politique locale, ces pays étant dirigés par des individus suffisamment surs de leur droit pour étouffer toute tentative de rebellion. C’est même l’effet inverse : la « résistance intérieure » finit par disparaître, au profit d’une sorte de résignation, et de l’établissement de circuits économiques parallèles.

Et en ce qui concerne la Russie, cela sera d’autant plus intéressant observer que sont territoire et ses ressources, aussi bien humaines que matérielles, n’ont rien à voir avec celles d’un pays comme l’Iran ou la Corée. La Russie peut-elle vivre sur le long terme en complète autarcie ? Je n’en sais rien. Mais il me semble que c’est plus facile à envisager sur un territoire grand comme trente fois la France, que sur une surface plus réduite.

Mu, Nu, Xi

Sans oublier qu’il y a les voisins du sud-est, l’autre partenaire économique, la Chine. Dans les analyses qu’on entend ça et là, on parle assez peu de l’implication de la Chine dans le train de sanctions. Il y en a qui doivent se frotter les mains de voir un marché de près de 150 millions d’individus basculer vers un portillon unique, quand bien même es relations entre les deux pays aient pu connaître des moments de tension.

Je serais curieux de savoir ce qui se passe, en ce moment, dans la tête des dirigeants chinois. Peut-être observent-ils avec attention les réactions des un et des autres, jugeant aussi bien la teneur que l’efficacité des réactions occidentales. Et se disant qu’en cas d’opérations militaires en mer de Chine, le même train de sanctions économiques risquerait d’être à l’ordre du jour.

Même pas peur, même pas mal…

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