La crise a-t-elle signé le retour de l’Europe des nations ?
L’Europe est née il y à près de 60 ans, si nous prenons comme date de référence le 9 mai 1950, déclaration de Robert Schuman, ministre des affaires étrangères de l’époque, présentée au quai d’Orsay, considérée aujourd’hui comme l’acte de naissance de l’Union européenne.
Pour différentes raisons – politiques, économiques, stratégiques, dont nous ne discuterons pas ici – l’Europe est d’abord une Europe de Nations. Les états sont alors conduit par des hommes politiques qui ont vécu les affres de la guerre.
Cette dynamique d’Europe des Nations reste alors forte durant de nombreuses années.
Puis peu à peu, au gré des élargissements successives et des traités, une nouvelle Super Structure s’organise. Celle-ci devient au fur et à mesure concurrente des différents états, ces derniers lui abandonnant de plus en plus de pouvoir.
Avec le temps, cette Europe supra nationale souhaite s’organiser de manière fédérale reléguant les états au rang de simples régions souhaitant peut être les « faire disparaitre » au profit des différentes régions déjà existantes et surtout dotées de budgets, de politiques fiscales. Bruxelles apparaît alors comme devenant le centre de décision.
Si ces différents termes peuvent paraitre excessifs, il convient de noter que nous nous plaçons dans une dynamique de très long terme et qu’il n’y a pas si longtemps (fin des années 80) ce type de débat, sur la perte de souveraineté nationale, a commencé à poindre.
Aujourd’hui, avec la crise extrêmement forte que nous connaissons, cette tentation « Supra Nationale » est totalement remise en cause.
Qu’en ressort il ? Les états reviennent en force, et surtout les nations historiques au premier rang desquelles l’Allemagne et la France. En effet avec la crise il a fallu « passer à la caisse ». Les seuls qui ont pu payer via des garanties ou des plans de relances (que nous devrons financer durant quelques dizaines d’années certainement) sont les différents états. Où est passé l’UE durant ce temps? Elle a été totalement absente. Elle n’a même pas joue un rôle de coordination dans la mise en place des différents plans.
Pouvons nous donc en conclure que les états nations ont « tué » l’Europe politique telle qu’elle se dessinait ?
Je ne le pense pas. En effet, il semble que ce ne soit qu’un recul temporaire. Gageons que lorsque cette crise sera dernière nous, les membres de la commission pousseront pour permettre la mise en place d’un réelle politique fiscale européenne, lui permettant de lever l’impôt, gage d’autonomie et de pouvoir.
Ainsi, elle pourra se poser en vrai concurrente des états nations.
Le mirage fédéraliste avait sérieusement commencé à se dissiper avant la crise financière.
En témoigne par exemple cet article écrit en 2005 par Hubrt Védrine, qui n’est pas un eurosceptique notoire :
« Sortir du dogme européiste »
http://hubertvedrine.net/index.php?id_article=49
Extraits :
Si l’on veut préserver les acquis européens et éviter que tout se détricote, il est urgent d’abandonner explicitement la logomachie déresponsabilisante et anxiogène de l’intégration européenne sans fin. Comme la métaphore de la bicyclette qui doit toujours avancer faute de tomber, l’annonce permanente d’un nouveau traité, les « ce n’est qu’une étape », le vieux mythe des « Etats-Unis d’Europe » qui seraient seuls à même de faire le poids…
(…)
Il faut mettre un terme à une autre source d’inquiétude : l’élargissement sans fin.
« Lever l’impôt » pendant la période de crise ! Ne rêvons pas, souhaitez plutôt une baisse. Si jamais il y une levée d’impôt, il y a toujours un autre qui va le remplacer.